MARGUERITE DE VALOIS, dite la reine Margot

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Les ami/es de Marguerite

Mlle de Beaulieu

L’Histoire de la Chiaramonte, par une demoiselle françoise. A la Royne Marguerite. Paris, Jean Richer, 1603.

À la Reine Marguerite.

Madame, Votre grandeur étonnerait ma petitesse, si les merveilles de votre esprit n’assuraient le mien, qui voit en votre mérite couronné de tant de sortes de louanges, qu’au lieu de celles que je lui dois, il me force à l’honorer de mon silence particulier, comme vos vertus le sont de l’admiration universelle. C’est ce qui me donne la hardiesse d’offrir cette œuvre aux pieds de votre Majesté, qui ne pouvant trouver d’offrande qui l’égale, recevra celle de l’âme qui la sert; afin que ce beau Soleil qui éteint toutes les lumières éclaire mes ténèbres, et fasse que l’inégalité du fini à l’infini, qui n’a point de proportion, soit la distance pour dissiper mes ombres, et me faire paraître sous votre infinité, Madame, à qui je dédie cette histoire véritable dont j’ai vu la vive image à Paris, et Messieurs les Ambassadeurs des lieux où a séjourné celle de qui j’écris, m’ont appris le reste. Votre Majesté y verra un dessein louable, un amour extrême, une fortune cruelle, un désespoir violent, une constance à l’épreuve de tous les malheurs, et de puissants traits en un généreux courage. Ceci n’est rien auprès de vos Muses, Madame, qui portent les grâces de tout. Mais si votre Majesté y baisse les yeux, d’un petit labeur j’attends une grande gloire, puisque son front ose porter votre nom, admiré en la terre et chéri dans le Ciel. Appuyez-le de votre faveur, Madame, et recevez l’affection de ma très humble obéissance, comme cette Minerve d’Égypte, qui avait aussi agréable le flambeau que les misérables brûlaient en son honneur dans leur maison, que ceux qui étaient consommés en son Temple. Mon esprit purifié des éclairs de votre Majesté est celui où je célèbre la fête de la vraie et rare vertu que le Ciel a choisie, pour nous montrer ici l’éternelle beauté de sa forme. J’y allume celui de mon cœur, qui s’offre à ce digne Autel, et l’humilité de mon désir, pour obtenir un pardon aussi glorieux que l’offense m’est agréable de faire voler mes cigales en votre Parnasse, et reluire de cette divine flamme, qui anime comme l’étincelle de Prométhée, non un corps formé de terre, mais une âme qui se voue aux pieds de votre Majesté pour s’honorer de la qualité,
Madame, 
De votre très humble, très obéissante, très fidèle et très affectionnée servante,
M. D. B.

Texte établi par Sophie Cinquin, avec la collaboration d'Éliane Viennot (orthographe et ponctuation modernisées; majuscules respectées sauf cas introduisant des confusions).

mis en ligne le 4.1.2012


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