MARGUERITE DE VALOIS, dite la reine Margot

Un site présenté par Eliane Viennot


accueil
vie
œuvres
légende
bibliographie
Les ami/es de Marguerite

Jean de Champaignac, sieur Dumas

Sommaire des quatre parties de la Philosophie, Logique, Ethique, Phisique et Metaphisique. COmposé par Iean de Champaignac Escuyer, sieur Dumas, Conseiller du Roy, Lieutenant assesseur au siege presidial de Perigueux, et M. des Resquestes ordinaire en sa maison de Navarre et ancien Domaine, et de la Royne Marguerite, à laquelle il est dedié. À Paris, chez Iean Gesselin…, 1606, Avec Privilege du Roy.

ÉPÎTRE DÉDICATOIRE À LA REINE MARGUERITE

Puisque la grandeur de votre Royale Majesté oblige tout le monde à vous reconnaître pour la Princesse en qui la nature et la vertu ont plus logé de grâces, je croirais me fort écarter si je ne contribuais à la reconnaissance de vos divins mérites tout l’esprit que la nature et la vertu m’ont voulu départir. Et néanmoins, voulant vous offrir le traité que j’ai formé sur la nature et la vertu, j’aurais de quoi arrêter mon désir audacieux, pour l’extrême respect qu’on doit à une suprême excellence, sans que je vous voie imiter la divinité, faisant cas des choses basses, d’où mon humilité tire son espoir que vous agréerez le zèle de mon âme, toute portée à l’honneur de qui peut obtenir le religieux baiser de vos pieds sacrés. J’y projette cet œuvre, croyant que, comme Dieu trouva le denier que la pauvre veuve mit au bassin du temple plus considérable que le talent du riche, votre Royale Majesté, ayant égard au désir qui me pousse, en pourra faire plus d’estime que d’autres, qui soulèvent leurs œuvres avec plus d’opinion à l’aspect splendide de votre vue. Car aussi, Madame, êtes-vous la cause impulsive de mon œuvre, pour avoir ci-devant fait cas de ma Physique française à des personnes signalées, qui, m’en donnant avis, firent renaître en moi la volonté quasi éteinte d’engendrer le Sommaire des quatre parties de la Philosophie en idiome Français, qui n’ont encore été vues ensemble, et les vouer, comme prémices, à qui la révérence suprême de notre siècle en est due. Je les vous adresse, Madame, d’autant que la première partie servant d’instrument à bien raisonner les concepts de l’âme, la seconde d’instruction à la vertu, la troisième à la connaissance de la nature d’ici-bas, et la quatrième aux notions de ce qui est par-dessus. Vous, étant la perfection des concepts mieux raisonnés, l’accomplissement de vertu, l’ornement de notre nature, et l’objet des suprêmes raretés que le ciel départ [distribue] à ce qu’il enferme, il est juste que ce que j’en ai colligé soit rendu au dette que la raison, la vertu, la nature et le ciel vous ont [ont envers vous]. Avec ce, Madame, que ce traité, prenant adresse à votre grandeur, la prend en protection pour se défendre du temps et des attaques de ceux qui y vivent. Comme aussi l’ouvrier possédant l’honneur d’être domestique au service de votre Majesté emploie ce traité pour marque du contentement qu’il respire, à vivifier, par le bénéfice de vos commandements, la foi de la très humble et très fidèle obéissance, en rendant toutes ses Œuvres au devoir d’un

MADAME,  
Votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur,
Champaignac.

Texte établi par Sophie Cinquin, avec la collaboration d'Éliane Viennot (orthographe et ponctuation modernisées; majuscules respectées sauf cas introduisant des confusions).

mis en ligne le 14.5.2018


Le texte ci-dessus est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 2.0 France

Contact ı••••••••Mentions légales ı••••••••Plan du site ı••••••••Favoris