« Spartacus » : hauts fonctionnaires, anonymes, habillés

en héros du peuple, se disant de gauche, appelant à voter Bayrou

plutôt que Royal*. Où est l'erreur? Nulle part.

(article mis en ligne sur

http://www.Lafrancelesfemmesetlepouvoir.org [aujourd'hui fermé] fin février 2007

 

Le 22 février, un collectif de trente hauts fonctionnaires signant Spartacus, se disant «socialistes et Français de gauche», faisait connaître dans Libération un «soutien à François Bayrou et aux idéaux de rassemblement et de redressement qu'il incarne». La place donnée dans ce texte aux sujets «sérieux» permettant de mettre en valeur la compétence technique des signataires (la dette, le PIB, la question fiscale… chiffres à l'appui); la mise en valeur de leur civisme (il s'agit de répondre aux «besoins centaines de milliers d'artisans, de professions libérales, de responsables d'entreprises agricoles et commerciales qui sont dans l'attente de mesures simples», de «revoir le processus de la dépense publique pour plus d'efficacité et donc plus de justice», de «rassembler enfin les Français autour des valeurs républicaines qui nous sont chères»); les remarques condescendantes sur la «méconnaissance vertigineuse [de la candidate socialiste] de l'économie de notre pays»); l'appel à voter pour un homme de droite plutôt que pour une femme de gauche, maquillé en posture navrée («malgré notre fidélité à un parti qui a été pendant longtemps un modèle de démocratie interne» – réalité aperçue, peut-être, depuis une section du 7e arrondissement, avant l'arrivée des «nouveaux militants» perturbateurs); la proposition de régler le problème par la loi («inscrire dans la Constitution le principe d'interdiction d'un déficit des dépenses de fonctionnement de l'Etat»); le nom de guerre fleurant bon la culture antique, l'héroïsme, et la virilité; l'anonymat des courageux... tout, dans ce texte, corrobore jusqu'à la caricature les analyses que j'ai faites dans mon étude sur cette «haute clergie» si imbue d'elle-même, si sûre de ses compétences, si masculinisée (un peu plus de 10% de femmes aujourd'hui), si misogyne.

Dans mon article paru dans Libération, je la désignais comme partie prenante des «vrais ennemis de Ségolène Royal». Mais je me trompais sur un point, en écrivant que l'anonymat «ne se pratique plus». Erreur. Chez «ces gens-là», il se pratique toujours!

* cf l'appel

Retour à la page précédente