La France, les femmes et le pouvoir

Une recherche en histoire politique, présentée par Eliane Viennot


les livres

Dernier des grands pays  occidentaux à avoir accordé le droit de vote aux femmes, la France peine encore à leur faire de la place dans les positions décisionnelles, malgré une législation originale et apparemment courageuse. Parfois attribuées à un mystérieux «retard français», les raisons de cette situation font surtout, aujourd'hui, l'objet d'un tabou. De fait, l'exception française ne date pas d'hier, et elle n'a pas toujours eu le visage qu'on lui connaît. Du début à la fin du Moyen Âge, ce pays se signalait même plutôt par un ample partage des responsabilités entre les sexes. Un partage jugé incongru par les troupes d'hommes grossissantes qui s'investirent dans la construction de l'État et le commentaire de la vie politique, et qui surent gagner à leur point de vue des groupes de plus en plus nombreux. C'est dans cette longue histoire, jamais faite, que nous entraînent ces livres.

I. L'invention de la loi salique (Ve-XVIe siècle)

Le premier volume de cette recherche revisite les onze siècles qui vont de la fondation du royaume par les Francs Saliens, pères prétendus de la fameuse «loi salique» empêchant les femmes d'hériter et de transmettre la Couronne, jusqu'à la prise du pouvoir par Henri IV, parvenu sur le trône au nom de cette disposition. Il met en lumière l'extraordinaire mélange de travail, d'ingéniosité et de hasard qui aboutirent à la fabrication puis à l'adoption de cette imposture. Il révèle l'étonnante résistance de larges secteurs de la société française aux «progrès» de la domination masculine.

Perrin, 765 pages, 27 euros
paru en octobre 2006
(épuisé mais disponible en impression à la demande [“IAD”])

Table des matières et extraits


II. Les résistances de la société (XVIe-XVIIIe siècle)

Le second volume poursuit l'enquête jusqu'à la veille de la Révolution française. Il décrit le rapide déclin de l'activité politique des grandes dames et des reines, mais aussi le début de la «longue marche» vers l'égalité qui caractérise toute la fin de l'Ancien Régime – en dépit de l'opposition farouche des secteurs que l'on dit les plus «éclairés» de la société. Mettant en relation les conflits qui la traversent et les discours de l’un et l’autre camp, il montre l’approfondissement de la «querelle des femmes», depuis les chocs frontaux qui suivent l'arrivée au pouvoir d’Henri IV jusqu’à la mise au point du nouvel argumentaire misogyne de la «différence naturelle des sexes», auquel les féministes eurent tant de mal à s’opposer.

Perrin, 504 pages, 25 euros
paru en octobre 2008
(épuisé mais disponible en impression à la demande [“IAD”])


III. Et la modernité fut masculine (1789-1804)

Le troisième volume montre que les Français et les Françaises ont pratiqué des formes avancées d’égalité des sexes durant les premières années de la Révolution, mais aussi que leur enthousiasme pour la «régénération de la patrie» s’est très vite heurté à la détermination des élites masculines arrivées au pouvoir en juillet 1789. Accentuant le «privilège masculin» dans presque tous les domaines, les membres des assemblées n’ont pas accepté que les femmes puissent monter à la tribune, mais ils n'ont pas hésité à les faire monter à l'échafaud par milliers – pour reprendre la célèbre formule d'Olympe de Gouges. Dès la fin de la Révolution, ils ont poursuivi la mise au pas du «sexe qui devrait obéir», comme l’avait appelé Rousseau. Avant que l’homme fort né de ce séisme ne s’emploie à verrouiller ce système, et à exporter le nouveau modèle de relations entre les sexes dans les pays tombés sous la domination des armées françaises.

Perrin, 412 pages, 25 euros
paru en avril 2016


IV. L'âge d'or de l'ordre masculin (1804-1860)

Le quatrième volume explore les décennies qui, d’un empire à l’autre, en passant par le retour de la monarchie et celui de la République, ont vu se consolider la domination des hommes sur les femmes à un point jamais vu jusqu’alors en France. Entreprise difficile et conflictuelle, dans une société où la question de l’égalité des sexes était débattue depuis la fin du Moyen Âge, et où tant de femmes en avaient fait la démonstration. D’où le déploiement sans précédent de constitutions, de lois, de mesures règlementaires, de théories pseudo scientifiques, de discours historiques délibérément muets sur les femmes, mais aussi de violences verbales, physiques et symboliques destinées à assoir le nouvel ordre et à confiner le sexe dit faible dans les emplois les plus déqualifiés, loin des lieux de pouvoir et d’excellence. Le tout sans parvenir à désarmer celles et ceux qui pensaient qu’une autre société était possible, et qui, exploitant toutes les failles du système, se donnèrent peu à peu les moyens de changer la donne, pour que l’égalité et la liberté ne restent pas le bien des frères.

CNRS Editions, 378 pages, 25 euros
paru en mars 2020


à venir
V. La forteresse assiégée (1860-2000)

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