MARGUERITE DE VALOIS, dite la reine Margot

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Les ami/es de Marguerite

Jean de Champaignac, sieur Dumas

Lydie, fable champestre, imitée en partie de l'Aminthe du Torquato Tasso. Dédiée à la Reyne Marguerite, par le S. du Mas. Paris, Millot, 1609.

À la Reine Marguerite.

Madame,

Pardonnez à l’audace de cette villageoise qui, d’une façon incivile et rustique, a bien eu l’assurance de se présenter aux yeux de votre Majesté. Ce qu’elle a fait, ayant appris par la bouche de la renommée que, pour échapper aux Satyres de ce temps et pour évader la rencontre de quelques esprits noirs qui font trophées de médire et gloire d’envier, elle ne pouvait trouver un plus sûr et meilleur abri que de se sauver au Temple de l’honneur et de la beauté. Car, ayant pris pour autel de franchise le simulacre de la perfection et l’image de la vertu, qui sera l’insolent qui, la voyant avoir l’honneur de votre compagnie et la faveur de votre protection, se veuille émanciper de trouver à redire à l’ineptie rurale de son habit et de son entretien, et n’en taise plutôt l’indécence, retenu par le respect de vos grâces et la considération de vos mérites? Ne trouvez donc étrange, MADAME, que Lydie, simple bergère, soit allée trouver votre Majesté, puisque sa sûreté, son devoir et sa connaissance l’obligeaient à se rendre à vous. Pour moi, dès lors que j’eus reconnu le désir honorable et le dessein relevé qu’elle avait, je lui servis d’adresse pour y parvenir, mais ce fut à condition qu’elle représenterait à votre Majesté la généreuse émulation que j’ai de lui plaire et d’assujettir toutes mes volontés à la gloire de ses commandements, afin de lui faire voir quelque jour combien fidèlement je suis,
Madame,  
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Dumas.

Poème

À la Reine Marguerite

Soleil qui lui est revêtu
D’éclairs et de célestes flammes,
Vous êtes le fanal des âmes,
Qui font l’Amour à la vertu.

Que le Soleil luise ou qu’il arde,
Pour dissiper l’obscurité,
Vous luisez, Soleil, de clarté,
Plus que son œil qui nous regarde.

Car étant votre esprit doué,
D’une parfaite intelligence,
Il est le Soleil de Science,
Par tout l’univers avoué.

Soleil de lumière infinie,
Esprit, honneur des beaux esprits,
Que le Ciel et la terre ont pris,
Pour l’âme et l’esprit d’Uranie,

Esprit, le Pôle transcendant,
Esprit, oracle de Minerve,
Où la raison est en réserve,
De quoi qu’on aille demandant,

Beau Ciel, beau siège des Charites,
Reine d’honneur et de beauté,
Reine (la moindre qualité,
qu’avaient mérité vos mérites),

Ciel êtes vous, puisque les Dieux,
Chez vous ont voulu prendre place,
L’Aurore dessus votre face,
Et le Soleil dedans vos yeux.

Mais je viens d’avoir connaissance,
Que je ne puis, Astre luisant,
Vous célébrer qu’en me taisant,
Cédant cet heur à mon silence ;

Car comme on est aucune fois
Aveuglé par trop de lumière,
L’excellence de la matière
Me ravit et m’ôte la voix.

Texte établi par Sophie Cinquin, avec la collaboration d'Éliane Viennot (orthographe et ponctuation modernisées; majuscules respectées sauf cas introduisant des confusions).

mis en ligne le 14.5.2018


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