Jean Desistrières

Panégyrique de la royne Marguerite, duchesse de Valois, sur son arrivée. A la Royne Marguerite. Paris, Jean du Carroy, s.d. [1605]

À très illustre et très puissante princesse la Reine Marguerite, Duchesse de Valois.

J’ai fait, MADAME, comme un grand Peintre de la Grèce, à qui la beauté de son dessein donna plus de courage que la gloire de son pinceau, et le rencontre plus de louange que la règle de la perspective. Il est vrai que rien de pareil n’a pu contribuer à mon entreprise: ni mon nom, écrit en simple minute, sans aucune qualité qui l’engrossisse, ni les belles parties qui assistaient cette âme Grégeoise, ni le contentement qu’un œuvre mis au public doit proposer. Défectueux de mon côté, riche en parti, voué à votre service, je me rendis secrétaire de quinze heures pour faire voir à la France l’honneur qu’elle reçoit en votre arrivée, et à votre Majesté les mérites qui la rendent autant admirable qu’inimitable. Ce sujet devait servir d’occasion à quelque bel esprit pour en honorer la mémoire, la gloire de votre nom, et les vœux du Royaume. La fidélité de mon affection a donné vol à ma plume, et ma plume ce panégyrique à votre vertu. Vous y verrez en vous-même la plus généreuse âme de ce siècle, et en ma candeur la plus loyale volonté qui puisse servir. Je désire me faire remarquer en cette qualité, et en elle me conserver avec autant de religion que je me connais plein d’ambition à vivre pour mourir,
Madame,
Votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur,
Desistrière.

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