MARGUERITE DE VALOIS, dite la reine Margot

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Les ami/es de Marguerite

Antoine La Pujade

Les Œuvres Chrestiennes d’A. de L.P., conseiller et secretaire des finances de la reyne Marguerite… Paris, Robert Fouet, 1604.

À TRÈS HAUTE, TRÈS Puissante, Très illustre Princesse MARGUERITE Reine, Duchesse de Valois

MADAME, 
Il y a déjà longtemps que je fis sortir du petit cabinet de mes Muses un certain ouvrage composé sur l’occurrence d’un acte plein de piété et de dévotion, duquel je ne pouvais traiter sans toucher le lot de vos mérites, comme en étant votre Majesté le seul argument. Ce petit effort de mon esprit fut bien reçu de vous, MADAME, qui m’en fîtes sentir aussitôt vos faveurs, dont je me prévalus avec une infinie obligation. Et ce commencement-là baillait une ouverture à quelque chose de plus, puisqu’un petit labeur avait pu retenir votre oreille; mais parmi le bruit des armes qu’on a remué depuis, les Muses (qui ont demeuré muettes la plupart du temps), n’ont favorisé le dessein que j’avais de faire éclore en votre nom quelque œuvre  de la plus haute entreprise. Et maintenant, à l’abri du tranquille repos qu’il a plu à Dieu donner à cette France, ayant composé quelques vers la Naissance et la vie de Jésus Christ, sous le titre de la CHRISTIADE, n’ayant jamais eu autre but que votre Majesté, j’ai pris courage de vous offrir les trois premiers livres que j’en ai dressés. Que si anciennement, dans la Grèce, ceux qui avaient décrit la louange des Princes et des Rois en étaient merveilleusement prisés, je me sentirai très heureux, si (maintenant que j’ai, selon mon peu de capacités, décrit la gloire et le lot du Prince et vrai Roi de tous les Rois), mes vers peuvent plaire à votre Majesté et que j’ai ce bonheur d’être honoré de vos commandements pour la poursuite de mon dessein, afin qu’un jour cette Christiade voie le jour sous votre faveur et protection. Vous suppliant très humblement, MADAME, avoir agréable ce commencement bien qu’indigne de votre grandeur, eu égards à la bassesse de mon esprit qui ne peut produire un fruit digne de l’honneur de votre vue. Et pour excuse de ma trop grande et audacieuse témérité d’avoir osé crayonner votre nom auguste et Royal au front de ce livre, je supplie votre Majesté attribuer le tout au sincère désir et religieuse affection que j’ai de rester toute ma vie, comme inviolablement je suis,
MADAME,   
Votre humble et très obéissant sujet et serviteur,
La Pujade.

Texte établi par Sophie Cinquin, avec la collaboration d'Éliane Viennot (orthographe et ponctuation modernisées; majuscules respectées sauf cas introduisant des confusions).

mis en ligne le 8.1.2012


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