POUR UN

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LANGAGE NON SEXISTE !

Un site présenté par Eliane Viennot


actualités

HIVER 2023
Bernard Cerquiglini tourne le dos à ses engagements passés

Voilà déjà plusieurs années que Bernard Cerquiglini, qui mena jadis la bataille pour «Mme la ministre» contre l'Académie et consorts (qui voulaient laisser au masculin les noms d'activités prestigieuses), prend ses distances avec le camp qui poursuit ce combat. Il remet le couvert ce 27 novembre dans Le Monde, en prenant pour prétexte la critique de la tribune signée dans le même quotidien le 8 novembre (voir ci-dessous) – sans y avoir jeté un œil. Il le fait toutefois sur un ton différent de celui des «anti-inclusivistes», qui laisse penser que son but n'est pas de rejoindre leur camp. — Voir mon billet «Pour l'élection (rapide) de Bernard Cerquiglini à l'Académie!» (blog Médiapart, 1er déc. 2023).


AUTOMNE 2023


Loïc Sécheresse, Le Jour, 4 nov. 2023
(“L'écriture inclusive m'habite”)

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Liste des 12 PPL (depuis 3 ans)
Huit pour l’Assemblée nationale :
n°3273 (juil. 2020), n°3922 (fév. 2021), n°4003 (mars 2021), n°4206 (juin 2021), n°4477 (sept. 2021), n°77 (janv. 2023), n°834 (fév. 2023), n°1816 (oct. 2023).
Quatre pour le Sénat :
n°385 (janv. 2022), n°404 (janv. 2022), n°68 (oct. 2023), n°404+68 (oct. 2023).

Sachant que toutes ont été présentées par la droite et l’extrême-droite, parfois l’aile droite de la macronie (AN n°3922).

La fièvre anti «inclusiviste» gagne les assemblées et l'Elysée

Nos gouvernements avaient déjà pondu DEUX CIRCULAIRES contre l'«écriture dite inclusive», la Philippe en novembre 2017, la Blanquer en mai 2021 (voir plus bas). A côté de ça, nos élu·es ont élaboré DOUZE PROPOSITIONS DE LOI («PPL») pour terrasser ce fléau. Et la fièvre gagne à présent le président de la République, qui a trouvé malin, lors de l'inauguration de la cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterets, le 30 octobre dernier, de se moquer des gens qui «mettent des points au milieu des mots, pour rendre la langue illisible»!

Mais l'ennemi public N°1 toujours pas cerné!

  • Soit la définition est trop vague: ce serait une «graphie» faisant apparaitre des marques du féminin à des mots qui pourraient (qui devraient!) rester au masculin; ce qui désigne à la fois les points médians, les traits d'union, les slash, les points bas… et les parenthèses.
  • Soit la définition est trop restreinte: ce serait le point médian à lui tout seul (mais quasi personne n'ose nommer «le péril mortel», par un effet de tabou similaire au cancer). Blanquer a osé: sa circulaire interdit l'EDI, «notamment le point médian». Mais quoi d'autre? On attend la prochaine circulaire.
  • Soit la définition englobe des ressources qui en font bel et bien partie, mais qu'il est bien aventureux de vouloir interdire, comme s'en est rendu compte trop tard le Rassemblement National, premier groupe à avoir osé présenter sa PPL à L'Assemblée nationale, le 12 octobre dernier. Ces gens-là voulaient interdire 1) le point médian, 2) les doubles flexions (Françaises, Français!), 3) les épicènes (architecte, journaliste, responsable…). Alerté par de bonnes âmes, il a dû faire marche arrière et présenter un amendement à sa propre PPL pour la vider de la moitié de sa substance!
  • La PPL adoptée au Sénat le 30 octobre dernier (et déposée sur le bureau de l'Assemblée dès le lendemain) s'attaque quant à elle aux néologismes inclusifs. Enfin… ses récacteurs auraient bien voulu, mais les termes leur manquent. Ils ont dû demander conseil à un linguiste en lui expliquant leur horreur des mots iels, toustes, celleux… On leur a sorti une catégorie fourre-tout contenant les pronoms. La PPL condamne dont les «mots grammaticaux constituant des néologismes». Ah, qu'en termes exquis ces choses-là sont dites!

“Non, le masculin ne «fait pas le neutre» en français. Il fait l'homme, le dominant”
Le Monde
du 8 novembre 2023

Quant à Macron, il a sorti un méli-mélo d'approximations grammaticales censées condamner ce qu'il n'a même pas nommé, grassement applaudi par le public choisi qu'il avait réuni à Villers-Cotterêts. Brillant! Nous avons répliqué par une belle tribune signée de 130 féministes, dans Le Monde du 8 novembre.

!!! Plus d'infos !!!

— mon billet du 26 septembre: «Guide d'écriture inclusive pour parlementaires récalcitrant·es» (blog Médiapart, texte de mon audition à la Commission des Affaires Culturelles de l'Assemblée nationale concernant la PPL du 12 octobre)
— l'émission “C ce soir” du 2 novembre (France 5), avec Victoire Tuaillon et moi du côté des ”pour“, et l'académicienne Barbara Cassin, officiellement du côté des contre, mais semblant surtout découvrir le sujet, et déclarant «mignons» les néologismes inclusifs auteurice, acteurice
— mon billet (blog Médiapart) du 22 novembre, qui fait le point sur les 12 PPL connues à ce jour («La 12e PPL contre l'écriture inclusive en 3 ans bientôt débattue à l'Assemblée?»).


PRINTEMPS 2023

Le point médian en justice !

Deux tribunaux administratifs viennent de rendre leur verdict, et chacun va dans un sens opposé! Celui de Paris, le 14 mars 2023, a débouté une association qui avait porté plainte en décembre 2021 contre la Mairie de Paris, coupable selon elle d’avoir rendu hommage à ses «conseiller.e.s» sur une plaque de marbre. Et celui de Grenoble, le 14 mai 2023, a donné raison à une autre, qui n’avait pas avalé, en 2020, que les statuts du service des langues de l'Université soient écrits avec des points médians.

Les juges de Grenoble auraient dû lire leurs collègues de Paris avant de recopier les sottises des journaux de droite et des propositions de loi déposées «contre l’écriture inclusive» (voir ci-dessous). Les juges parisiens ont en effet étudié le dossier, et statué que le français reste du français, avec ou sans signe faisant apparaitre la marque du féminin. Les Grenoiblois·es auraient dû lire, aussi, le commentaire de ce jugement publié par le juriste Nicolas Hervieu dans Dalloz Actualités (édition du 22 mars), qui explique en longueur pourquoi l'analyse du Tribunal Administratif parisien est fondée en droit.

Quant aux institutions incriminées, qui n’avaient pas brillé jusque là par leur réflexion sur les meilleures pratiques du langage égalitaire, et qui avaient effectivement prêté le flanc aux critiques, elles n’ont plus qu’à appliquer les préconisations du guide Pour une communication publique sans stéréotypes de sexe du Haut Conseil à l’Égalité femmes-hommes (édition 2022, voir ci-dessous). On peut douter que les réactionnaires s’attaquent à ce morceau-là.

Juillet 2020-hiver 2023

HUIT propositions de lois contre l’écriture inclusive !

Le covid, le climat, l'hôpital public, les retraites, la dette… sujets mineurs. Les parlementaires français ont un véritable souci: terrasser le point médian, alias «l’écriture inclusive». Ou plutôt: les parlementaires de droite et d’extrême-droite. Qu’on en juge. Sept propositions de loi ont été déposées à l’Assemblée nationale: 1 en 2020 (n°3273) par Marine Le Pen & Co; 4 en 2021 (n°3922, 4003, 4206, 4477), par le Rassemblement National (à nouveau), Les Républicains et une aile ringardissime de La République en Marche; 2 en 2023 (n°777, 834), toujours par les mêmes LR et RN. La huitième est née au Sénat en 2022 (n°404), pensée par les LR.

Le tout sans que jamais ou presque l’ennemi public N°1 soit nommé, et sans que personne ait réalisé que la définition de l'écriture inclusive retenue, copiée dans la circulaire Philippe de 2017, vise tous les signes faisant apparaitre la marque du féminin, c’est-à-dire les ·, les ., les -, et surtout les fameuses ( ). Ce qui rendrait illégaux des milliers de formulaires administratifs!

Espérons que le jugement très argumenté rendu par le Tribunal de Paris (voir ci-dessus), selon lequel il n’y a pas matière à sanctionner quoi que ce soit puisqu’il est impossible de démontrer que les textes incriminés ne sont pas rédigés en français, mettra un terme à cette passion irraisonnée et irraisonnable!

SEPTEMBRE 2022

La nouvelle version du guide du Haut Conseil à l'Egalité femmes-hommes est sortie!
Cinq ans qu'on y travaille, soit depuis le début de la polémique sur «l'écriture inclusive»!
Et cette fois-ci les préconisations en matière de langue égalitaire sont au point!
• promotion des noms féminins ayant fait leurs preuves: autrice, défenseuse, procureuse, professeuse…;
• appel à un usage raisonné des abréviations inclusives: un seul point médian dans les mots au pluriel, restriction aux termes passant du masculin au féminin par un ajout de lettres;
• appel à combiner toutes les ressources du français: doublets (par ordre alphabétique), termes épicènes, reformulations, accords traditionnels, alternatives au mot homme pour parler de l'espèce…

Mais bien sûr, le guide ne se limite pas au langage. On y retrouvera tous les excellents conseils qui y figuraient déjà, concernant l'équilibre des sexes dans les images et les manifestations publiques. Sans parler des citations extraites des textes nationaux et européens qui justifient l'existence de ce Guide, et que nous pouvons alléguer lorsque nous travaillons à faire vivre l'idéal de l'égalité.
En bref, un super outil pour les féministes! Téléchargeable sur le site du HCE


ET UNE NOUVELLE

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CIRCULAIRE, UNE !

Ou la réponse de Blanquer à ses amis de la droite: on ne va pas vous faire le plaisir de vous donner une loi interdisant l'écriture inclusive, mais voici une petite circulaire (soit un texte sur lequel, en pratique, tout le monde peut s'assoir*).

C'est la seconde, après celle signée par Edouard Philippe en novembre 2017, à promouvoir les doublets («les directeurs et les directrices»…), qui sont la principale manière d'éviter le masculin abusivement dit «générique» («les directeurs»). Ce qui n'empêche pas le signataire de reconnaitre la validité de cette notion, sans la définir, mais en évoquant son pouvoir: d'après cette théorie, certains noms masculins auraient la capacité d'évoquer les femmes en même temps que les hommes, donc les noms féminins n'auraient pas besoin d'être cités. On attend avec impatience la liste de ces noms!

Voir le décryptage de cette circulaire bien intéressante (pdf) ainsi que les communiqués des cinq premiers syndicats à y avoir réagi. Tous expliquent qu'ils appellent leurs membres à ne pas en tenir compte, et à continuer de travailler en vue d'un langage non sexiste, à l'oral comme à l'écrit (pdf).

* voir la note de l'actualité ci-dessous.


UNE LOI ! VITE, UNE LOI !

voir les tribunes

- (avec Raphaël Haddad) «L'écriture inclusive se retrouve réduite, à tort, au point médian», lemonde.fr, 27 avril 2021 — pdf

- «Une loi interdisant l'écriture inclusive conduirait à remplacer des millions de documents officiels», lemonde.fr, 2 avril, Le Monde, 3 avril 2021 — pdf

La circulaire Philippe ne leur suffisait pas…

Ils avaient déjà une circulaire, signée de l'ex-Premier Ministre en novembre 2017, mais on sait bien qu'une circulaire, c'est surtout fait pour s'asseoir dessus*. C'est donc une loi qu'il faut pour terrasser le point médian!
- une dizaine de député·es d'extrême droite ont déposé une proposition de loi allant dans ce sens en juillet 2020;
-
une soixantaine d'autres, de la LREM, en ont fait autant le 23 février 2021;
- et une nouvelle quarantaine, de la droite classique, les ont copié·es le 23 mars.

Le problème, Monsieur, c'est que chez ces gens-là, on ne pense pas! Et qu'on n'ose pas non plus beaucoup! Alors ils ont tout simplement recopié la définition de «l'écriture inclusive» qu'avait choisie Edouard Philippe, qui ne parlait pas de point médian, et qui constituait une énorme sottise. Car tombent dans cette définition les parenthèses plebiscitées par le Ministère de l'Intérieur et les administrations depuis 60 ans, au point que des millions de formulaires et documents (dont nos cartes d'identité) en sont farcis. On attend la suite avec délectation!

* Ainsi, la Légion d'Honneur continue vaillamment de distribuer des grades au masculin (chevalier, officier, commandeur), en dépit des circulaires – de Premiers ministres – émises en 1986, 1998 et 2017, qui appellent à respecter le genre des personnes. Et en dépit de la langue française, qui connait depuis des siècles les noms chevalière, officière, commandeuse


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publié sur Facebook le 14 sept 2020

Désormais muette sur les noms des femmes, l'Académie s'attaque au genre des maladies !

On croyait l'Académie rendormie après son rapport de 2019 destiné à clore la guerre qu'elle menait depuis les années 1640 aux noms féminins désignant des activités prestigieuses (ou plus exactement: pensées par elle comme propres aux hommes).

Erreur! Sa directrice a décidé – toute seule – de contre-attaquer sur un autre terrain: rectifier l'usage (dont l'institution dit par ailleurs qu'il est le maitre en la matière…). Le grand nombre dit le covid? Il se trompe! Il devrait dire la covid. Parce que le mot le plus important de cet acronyme [terme forgé à partir des premières lettres de plusieurs mots: COrona VIrus Disease], ici le dernier, signifie maladie. Et que maladie est féminin en français.

L'idée ne lui est pas venue que cet acronyme pourrait être traduit en français, comme cela a été fait pour SIDA (AIDS en anglais) ou OTAN (NATO en anglais); il faudrait que l'Académie s'intéresse aux anglicismes. L'idée ne lui est pas venue non plus que le mot disease pouvait se traduire par mal, qui est masculin. Quant à l'idée qu'il y a peut-être une raison qui explique le choix du plus grand nombre… il faudrait que l'Académie s'y connaisse en linguistique. De fait, les mots étrangers terminés par un a sont régulièrement francisés au féminin (parka, pizza, polka, toundra…), les autres au masculin (blog, tsunami, week-end…). Et les exceptions s'expliquent: un pijama, parce que c'est un vêtement masculin à l'origine; une Ford, parce que c'est une voiture

Heureusement, personne ne semble avoir rappelé à la cheffe de l'Académie que LASER relève du même mécanisme (Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation), et RADAR aussi (Radio Detection And Ranging). Sans parler de week-end (fin de semaine)… Sinon on était bon·nes pour une grande lessive de printemps!

Le plus inquiétant est tout de même le nombre de gens qui ont enfouché ce dada, rien que pour se distinguer du grand nombre – comme y appelait Mézeray.

Lisez l'article de Frédéric Martel, qui fait le point pour France-Culture sur cette énième sottise de «nos Immortel·les!»

COVID 19

Les femmes en première ligne… mais supprimées des discours

Infirmiers, aides-soignants, médecins… Les femmes sont de 50 à 90% dans ces professions, mais les médias (et la plupart des politiques) ne connaissent plus que des mots masculins pour parler d'elles! Sans parler des micros ouverts aux experts, comme s'il n'y avait pas d'expertes! Voir l'article de Julia Gramaglia, «Ces “soignants héros”… qui sont surtout des soignantes» (Arrêt sur images, 15 avril 2025 — ici en pdf)

Un virus qui attaquerait « l'homme » !

L'occasion était trop belle, deux ans après #MeToo, pour faire savoir que les hommes sont toujours plus importants que les femmes. On ne peut plus ouvrir une radio ou un journal sans entendre parler du virus qui s'en prendrait à l'homme, qui passerait de l'animal à l'homme, etc. Pourtant, les femmes sont massivement touchées aussi, et lorsqu'on se décidera à compter les personnes décédées dans les EHPAD, de même que les victimes des hommes confinés, on verra que les femmes et les enfants auront davantage souffert que les hommes. En virologie comme en politique, en droit, en anthropologie, en philosophie…, il conviendrait de parler de l'humain. Plus d'information dans la rubrique des «mots controversés».


Fières de nos talents
et des mots qui les disent !

Une campagne lancée par sept associations* et les Éditions iXe, parce que les noms qui désignent les activités longtemps monopolisées par les hommes continuent d’être mal aimés, ou distordus pour ressembler encore et toujours à des noms d’hommes.

Il s’agit d’une carte postale que chaque groupe va diffuser dans ses réseaux, qu’on peut se procurer auprès des Éditions iXe (par 100 exemplaires minimum, au prix de 0,10 € la carte postale) pour les distribuer gratuitement ou les vendre, et dont le visuel est libre de droits: il peut circuler sur les réseaux sociaux.

Cette campagne fait suite à l’action des diplômées en mathématiques de l’Université Lyon 1, qui ont souhaité voir écrit le mot «doctoresse» sur leur diplôme, et non celui de «docteur». Or il s’avère que cette inscription n’est qu’une vieille habitude du temps où les femmes n’étaient pas admises dans les universités. De fait, aucun diplôme ne devrait présenter de titre (ni au féminin, ni au masculin), mais seulement le nom du diplôme lui-même (licence, master, doctorat…). ÉTUDIANT·ES, ENSEIGNANT·ES, GENS DE L'ADMINISTRATION, renseignez-vous! Téléchargez la note rédigée par Colette Guillopé & Éliane Viennot, et menez la lutte localement!

* Femmes et Mathématiques, Femmes & Sciences, Femmes Ingénieurs, Mnémosyne, Réussir l’Égalité Femmes-Hommes, SIEFAR, Conférence Permanente des Chargé·es de mission Égalité et Diversité

Les juristes
étranger·es à l'avant garde
Suisse
Parution de La Rédaction administrative et législative inclusive. La francophonie entre impulsions et résistances, sous la dir. d'Alexandre Flückiger, Berne, Stämpfli Editions, 2019 (actes de la journée d'étude de Genève, 25 janvier 2018).

Canada
Publication en ligne de l'excellent article de Michaël Lessard et Suzanne Zaccour, «Quel genre de droit? Autopsie du sexisme dans la langue juridique (Autopsy of Sexism in Legal Language, Revue de droit de l'Université Sherbrooke, vol.47, 2017, n°2-3, p.227-298


nouveau & ancien monde au chevet du sexisme

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Du côté du gouvernement, on proclame l'égalité des sexes «grande cause du quinquennat»… Mais quand il s'agit de publier au Journal officiel les statuts des nouvelles universités, on leur interdit d'user de formules comme “le président ou la présidente” (en toutes lettres). Au nom des conceptions du grand linguiste Edouard Philippe:
  • Le masculin est une forme neutre qu'il convient d'utiliser dans les textes réglementaires pour les termes susceptibles de s'appliquer aussi bien aux femmes qu'aux hommes. (circulaire du 21 nov. 2017)

Que le neutre ne soit pas une “forme”, mais un genre; que ce genre, dans les langues où il existe, soit fait pour désigner des choses (ou des idées, ou des sentiments…); que ce genre n'existe plus en français (plus aucun article, ni substantif, ni adjectif, ni participe – seulement quelques pronoms)… échappe aux gens du nouveau monde. L'essentiel est que le masculin continue de “l'emporter” et de rester seul en lice. Comme disait le père Bouhours:

  • Quand les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte (Nouvelles remarques sur la langue françoise, 1675)

Du côté des universités, on signe des chartes proclamant l'égalité à venir jusque dans la communication interne et externe, mais on refuse de toucher aux sacro-saintes appellations des diplômes.

Deux jeunes mathématiciennes de Lyon1 sont actuellement en conflit avec la direction de leur université parce que, n'ayant pu obtenir un procès verbal de soutenance présentant un terme féminin, elles ont rectifié à la main celui qu'on leur avait fourni — avec l'aval de leur jury de thèse. L'Université a exigé que les papiers soient refaits… tout en retenant le document certifiant qu'elles sont bien titulaires d'un doctorat, les empêchant de postuler aux emplois requérant ce titre! Devant la mobilisation (voir ci-dessous), elle a accepté de délivrer le certificat, mais le titre inscrit dessus est toujours celui de docteur. La mobilisation continue donc!

* Lettre ouverte signée par de nombreux membres de la communauté universitaire.

* articles de presse:
- Numérama du 15 octobre: «Une université refuse le terme “doctoresse”: pourquoi féminiser les titres scientifiques reste difficile»
- Le Progrès de Lyon du 15 octobre: «Tu ne seras pas doctoresse, ma fille»


Après la reddition de l'Académie, les défenseurs du statu quo montent au créneau

Depuis l’annonce du recul de l’Académie (24 nov. 2017), et surtout depuis la parution du rapport l’officialisant (28 févr. 2019), quelques linguistes dépourvu·es d'expertise sur la question des rapports entre genre grammatical et genre sociétal tentent de relever le flambeau.

ANALYSE DE CETTE NOUVELLE SEQUENCE de la polémique sur le langage égalitaire

Le débat (?) à lire (non exhaustif) :
- Patrick Charaudeau, «L’écriture inclusive au défi de la neutralisation en français» (Le Débat, mars-avril 2018)
- Éliane Viennot, Le Langage inclusif: comment, pourquoi (Donnemarie, éd. iXe, août 2018)
- Jean Szlamowicz, Le sexe et la langue. Petite grammaire du genre en français, où l’on étudie écriture inclusive, féminisation et autres stratégies militantes de la bien-pensance (Paris, Intervalles, fin 2018)
- Danièle Manesse et Gilles Siouffi (dir.), Le Féminin & le Masculin dans la langue. L’écriture inclusive en questions (esf sciences humaines, mai 2019)
- Danièle Manesse, interviewée par Luc Cédelle, «L’écriture inclusive fait partie de ces dispositifs volontaristes, ostentatoires, qui ne servent pas les causes qu’ils prétendent défendre» (Lemonde.fr, 29 mai 2019)
- Réjane Sénac, «Vers une utopie réaliste, ou quand dire c’est être» (L’Humanité, 13 juin 2019)
- Éliane Viennot, «Le français a besoin de notre désir d’égalité» (L’Humanité, 13 juin 2019)
- Danièle Manesse et André Chervel, «L’ordre de la langue n’est pas celui du monde» (L’Humanité, 13 juin 2019)
- Éliane Viennot, «Gardienne, buteuse, entraineure: juste une question de vocabulaire?» (Libération, 18 juin)
- Éliane Viennot, «Féminisation des noms de métiers: l’Académie enfin d’accord mais [toujours] pas au point» (Le Quotidien du médecin, 4 juillet) [article commandé en mars mais retardé jusqu’à la production d’une «réplique» (ligne suivante)
- Isabelle Gautier, «Valorisons nos différences et le respect de chaque identité, sans estropier la langue» (Le Quotidien du médecin, 4 juillet)
- Benjamin Moron-Puech et Éliane Viennot, «Les noms autrices, officière, professeuse… existent depuis des siècles» (Le Monde, 12 juillet)
- Jean Szlamowicz, Yana Grinshpun et Céline Masson, «À l’université, les passions égalitaristes rendent la langue illisible et imprononçable» (Le Monde, 12 juillet)
- Patrick Charaudeau, «Si l’on veut défendre la visibilité des femmes à travers le langage, tout est affaire d’intelligence et de contexte » (Le Monde, 17 juillet)
- Benjamin Moron-Puech et Éliane Viennot, «Réponse à Patrick Charaudeau» (6 août, refusé par Le Monde, publié ici, art.103).

Le débat sur les ondes (non exhaustif) :
- «La langue française et les femmes»: Alain Finkielkraut reçoit Bernard Cerquiglini et Bérénice Levet dans son émission Répliques, France Culture, 27 avril 2019
- «La langue peut-elle vraiment être sexiste?»: Olivia Gesbert reçoit Danièle Manesse et Gilles Sioufi dans l'émission La grande table des idées, France Culture, 5 juin 2019
- «L'écriture inclusive, pourquoi?»: Marc Weitzmann reçoit Danièle Manesse et Éliane Viennot dans son émission Signes des temps, France Culture, 16 juin 2019


HISTORIQUE !!!
L'Académie lève son veto sur les féminins que les Messieurs voulaient voir disparaitre

On pourra désormais dire ce qu'on veut! Car si la «vieille dame» renonce à vouer aux gémonies l'usage des termes féminins pour désigner les femmes occupant des fonctions supérieures, elle ne se décide toujours pas à guider la société dans ses choix. Sommée par le pouvoir de revoir sa copie, elle le fait de la plus mauvaise grâce, en maintenant d'ailleurs une bonne partie de ses réticences, et en appelant les «résistant·es» à tenir bon. Loin d'avoir travaillé pendant plus d'un an, comme elle s'y était engagé à la fin de l'année 2017 (voir plus bas), la commission qui a planché sur le sujet ne s'y est mise qu'en décembre 2018. Et elle a rendu son rapport le 28 février!

  • Voir son Rapport, présenté à la compagnie et adopté le jour même, à deux voix près [Fienkielkraut (sûr), Carrère d'Encausse (très vraisemblablement)].

    Voir le décryptage de ce Rapport.


« L'homme »
qui campe sur nos droits : bientôt dehors ?
Le 10 décembre 2018, date anniversaire de la signature de la Déclaration universelle des droits humains (Paris, 1948), la Ligue des Droits de l'Homme de Belgique a annoncé son changement de nom: elle sera désormais la Ligue des Droits Humains.

Le 24 janvier 2018, la Conférence des OING (Organisations internationales non gouvernementales) du Conseil de l'Europe a adopté une résolution: elle utilisera désormais l'expression «droits humains» au lieu de «Droits de l'homme», et elle invitera ses partenaires à en faire autant.


HISTORIQUE !
L'Académie annonce une révision de ses positions !
La presse du 24 novembre 2017

Le Point
«Féminisation de la langue : l’Académie française revoit sa position»

BFMTV
«L'Académie française promet finalement de s'intéresser à la féminisation de la langue»

Le Figaro
«L’Académie française évolue sur la féminisation de la langue»

  • La guerre est finie depuis longtemps, mais l'Académie ne le sait pas encore: elle annonce la réouverture du chantier de la «féminisation»

Après des semaines de polémique sur «l'écriture inclusive» et moins d'un mois après la parution du Manifeste des profs qui n'enseigneront plus que «le masculin l'emporte sur le féminin», après aussi avoir crié au «péril mortel» (pour elle-même?), L'Académie française annonce qu'elle va revoir ses positions. La Cour de cassation lui demandait officiellement de le faire depuis avril.

Elle y a officiellement répondu le 6 novembre. Cinq jours plus tôt, une autre solution avait été soumise au débat public: «Débranchons l'Académie française!». Il y avait effectivement péril mortel!

Il reste à faire comprendre à ce petit monde que la langue française n'a pas besoin d'être féminisée: elle a juste besoin d'être utilisée normalement!

**

on lui souhaite

bien du

plaisir !

  • Le premier ministre, lui, est encore entre deux chaises

D'un côté, il reprend la chanson de Radio Académie sur le masculin valant neutre. De l'autre, il s'aligne sur ses prédécesseurs de gauche, et va même plus loin qu'eux avec sa circulaire. Analyse


Et maintenant,
les accords !
Le 7 novembre 2017, date historique

Signez la pétition !

  • 314 profs de tout type d'établissement, de tout niveau et de toute discipline déclarent «Nous n'enseignerons plus que le masculin l'emporte sur le féminin» dans un MANIFESTE publié par Slate.fr le 7 novembre 2017.

D'autres profs et l'ensemble de la société civile leur emboitent le pas via une PETITION.
Premièrs signatures: Joëlle AYATS, enseignante retraitée — Marie DARRIEUSSECQ, écrivaine, autrice, militante, femme — Gérard BIARD, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, président de «Zéromacho» — Béatrice FRACCHIOLLA, professeure en sciences du langage, Université de Lorraine — Yvette ROUDY, ministre des droits des femmes de François Mitterrand de 1981 à 1986 — Claude SERVAN-SCHREIBER, journaliste, écrivaine — Françoise GASPARD, historienne, sociologue — Fares CHENIGUER, principal du Collège Camille Guérin à Poitiers — Annie SUGIER, présidente de la Ligue du droit international des femmes — Corinne BOUCHOUX, ancienne sénatrice de Maine-et-Loire, enseignante…

Le 15 novembre,
le ministre promet de sévir
Publié sur Facebook
le 17 novembre 2017

Voir la réaction très drôle de Marianne
(l'autre!)

Et une analyse, toujours dans Marianne


« Ecriture inclusive » : un automne chaud, chaud, chaud !

  • Pour celles et ceux (ouh là là, non seulement le féminin sort de l'ombre, mais il se met en première position avec la complicité de l'ordre alphabétique!), pour celles et ceux, donc, qui n'auraient pas suivi l'affaire:

une revue de presse
réalisée le 5 octobre par l'agence Mots clés: déjà plus de 20 médias français et 4 médias étrangers (voir). Ensuite on n'a plus pu suivre!

des tribunes
- France info, 2 septembre: «Seul.es les partisan.es de la domination masculine devraient s'étouffer devant l'écriture inclusive»
- L’Humanité, 30 octobre 2017, avec Raphaël Haddad, «Un des derniers bastions de la domination masculine»
, Dossier «Langue française et domination sexiste. Faut-il encourager l’écriture inclusive?»
- Libération, 2 novembre: «Débranchons l'Académie française!»
- L'Obs, 9 novembre: «Le Corbeau et le renard en écriture inclusive: une fakenews de plus» — pdf
- Huffpost, 23 novembre: «La circulaire Edouard Philippe ne met pas le point final à l'écriture inclusive»
- Marianne, 2 décembre 2017: «Ecriture inclusive: M. Blanquer, de quoi Marianne et République sont-elles le cache-Sexe?»

des interviews
- France Culture, 28 septembre, «Ecriture inclusive: le féminin, pour que les femmes cessent d'être invisibles»
- La Croix, 4 octobre, «Faut-il généraliser l'écriture inclusive?»
- Le Monde, 7 octobre, Camille Bordenet: «Egalité femmes-hommes: l'écriture dite “inclusive”, sujet qui divise»
- Ouest-France, 10 octobre, Carine Janin: «“Lecteurs” ou “lecteur-rice”… C'est quoi l'écriture inclusive?»
- Blog Le Monde, 12 octobre, Frédéric Joignot: «Prêt.e.s pour l'écriture inclusive les ami.e.s?»
- Sud-Ouest, 13 octobre, Cécile Jandau: «Qu'est-ce que l'écriture inclusive et pourquoi pose-t-elle problème?»
- L'Obs, 21 octobre, Amandine Schmitt, «Non, le masculin ne l'a pas toujours emporté sur le féminin»
- Le Point, 27 octobre, avec Raphaël Haddad: «On caricature le débat», propos recueillis par Baudouin Eschapasse
- Le Figaro.fr, 5 novembre 2017, «Olympe de Gouges a lancé les prémices de l’écriture inclusive», entretien réalisé par Alice Develey
- Encres vagabondes, 6 novembre 2017, «Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin!», entretien réalisé par Brigitte Aubonnet

des débats contradictoires
- avec Raphaël Enthoven, Raphaël Haddad, Marie-Estelle Pech, sur TV5 Monde (Terriennes), débat animé par Sylvie Braibant, 17 octobre
- avec Bernard Pivot, sur France Inter (Le téléphone sonne), débat animé par Fabienne Sintes, le 2 novembre
- avec Marie-Estelle Pech (imposée en dernière minute), sur BFMTV (BFM story), le 8 novembre
- avec Julien Aubert, François de Closets, Laurence Beldowski, sur LCP (Ça vous regarde), le 9 novembre
- avec Marc Lembron (académicien), sur ARTE (28'), le 13 novembre (11
e mn)


L'Académie
saisie par le progrès !
Publié sur Facebook
le 1er juillet 2017

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  • «Aujourd'hui (disait Maurice Druon en 1998), sur la question de la féminisation, tout le monde se couche, la droite se couche. Les académiciens ne se coucheront pas.» Que nenni! Le mal progresse!

L'ACADEMIE SE DECIDE A EMPLOYER LE FEMININ… AVEC MODERATION!

Le Secrétaire perpétuel* et les membres de l'Académie française ont la tristesse de faire part de la disparition de leur confrère, Mme Simone Veil, grand-croix de la Légion d'honneur, décédée le 30 juin 2017, à Paris, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans.

ASSIA DJEBAR AVAIT EU DROIT A UNE NECRO TOUTE AU MASCULIN

Le Secrétaire perpétuel* et les membres de l'Académie française ont la tristesse de faire part de la disparition de leur confrère, Assia Jebar, chevalier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre des Ars et des Lettres, décédé le 6 février 2015.

LA PROCHAINE FOIS, ILS CAUSENT FRANÇAIS !

Pour mieux comprendre la maison, ses obsessions, sa misogynie… et ses reculades successives (quoique sans précipitation) : voir L'Académie contre la langue française: le dossier féminisation» (2016)

***** Hélène Carrère d'Encausse

Publié sur Facebook
le 11 juillet 2017

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  • Quelques jours seulement après la dénonciation de la masculinisation post-mortem de Simone Veil, l’Académie française recule d’un pas de plus. Bientôt le grand saut dans la modernité?

ILS ONT CORRIGE LA NOTICE D'ASSIA DJEBAR !

On ne saurait utiliser l'écriture inclusive pour parler de l'Académie française, tant le genre féminin y a peu de place. Avec Simone Veil s'est éteinte la seule femme de cette «confrérie» à se définir au féminin. Femme politique, tel était le titre qu'elle affichait sur son site. Les autres (zéro pendant 345 ans, huit depuis 1980) étaient – et son toujours – écrivain ou historien. L'auguste troupe ignore que son Dictionnaire accepte aujourd'hui historienne, que ses premiers membres utilisaient les mots écrivaine et autrice, et que la vingtaine de termes qu'elle continue de conspuer sont plus vieux qu'elle!

Il n'empêche, savourons la nouvelle : déjà en plein révisionnisme à propos de l'ancienne ministre («leur confrère, Mme Simone Veil […] décédée le 30 juin 2017»), ils viennent de modifier la rubrique d'Assia Djebar, avant-hier encore décédé, et désormais décédée. Au prix d'un SOLECISME de plus (c'est-à-dire une faute de grammaire, comme serait «la vieux maison»).

D'autres beaux spécimens, trouvés dans l'hommage «prononcé par Mme Danièle Sallenave, directeur, en séance le jeudi 19 février 2015»: Au moment de prononcer devant vous, mes chers confrères, cet hommage à notre confrère disparue, je m'aperçois que je l'ai peu connue

Bravo Mme l'écrivain !

Pour comprendre à qui on a affaire dans la lutte contre le sexisme en matière de langue – et qu'il ne faut rien attendre de cette institution incompétente et réactionnaire, lire L'Académie contre la langue française: le dossier féminisation» (2016)


Publié sur Facebook
le 11 juin 2017

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  • Modifier notre langage en vue de l'égalité femmes-hommes: pourquoi il faut le faire et pourquoi ça résiste

Du point de vue des principes, toutes les batailles engagées par les féministes français·es au XXe siècle ont été gagnées. Nul·le ne soutient plus sérieusement que les femmes constituent «le sexe qui devrait obéir» (Rousseau) ou que, «inférieure à l'homme, [la femme demeure] une sorte de moyen terme entre lui et le reste du règne animal» (Proudhon).

Toutes les batailles? Non. Il reste un domaine où la suprématie masculine demeure quasiment intacte: celui de la langue. Phrase après phrase, nos discours reproduisent la moindre valeur du féminin,
- longtemps purement et simplement effacé dans le vocabuliaire des fonctions prestigieuses,
- toujours massivement effacé dans les énoncés dits génériques (comme on disait universel pour le suffrage masculin),
- sommé de reconnaître son maître dans le système des accords (puisque «le masculin l'emporte sur le féminin»).

… le tout légitimé par des arguments aussi fantaisistes que ceux qui servaient autrefois à justifier le monopole des hommes sur la vie publique. Mais arguments que l'école continue de diffuser et que d'autres institutions relaient à l'envi.

Le langage traduit [et influence, a ajouté avec raison une internaute] nos représentations du monde. Le laisser en l'état, c'est les laisser intactes. C'est nous condamner à ne jamais désirer vraiment ni la parité dans les lieux de décision, ni l'égalité des salaires, ni le partage des tâches ménagères, ni l'éradication des violences faites aux femmes.


Ça bouge
ce printemps !
  • La rédaction non-sexiste et inclusive dans la recherche : enjeux et modalités pratiques.
    Mathieu Arbogast
    Documents de travail

L’écriture occupe une place considérable dans la recherche scientifique, y compris sur le plan symbolique. Elle subit dans certaines disciplines des contraintes formelles conventionnelles très fortes (comme le format «IMRAD»). Chercheur.e.s et organismes de recherche sont confronté.e.s à l’incitation croissante de faire évoluer leur communication et leurs publications afin d’éviter stéréotypes sexistes et formes implicites d’inégalité entre femmes et hommes. Comment répondre à cette incitation? Cette dernière rencontre en outre des résistances: croyance que le masculin remplirait la fonction d’un «neutre» qui n’existe pas en français, réticences à s’imposer des contraintes nouvelles, ou encore l’idée que les évolutions proposées compliquent la lecture et la compréhension. (lire la suite et télécharger le document de travail)

Le deuxième numéro de GLAD, la revue sur le Langage, le Genre et les Sexualités

C’est une revue en ligne, inter- et transdisciplinaire, principalement francophone, qui cherche à créer un espace de discussion sur ces thématiques, ainsi qu’un espace de traduction, d’exploration de la langue et de réflexion critique sur les critères de légitimité linguistique et académique. (Voir)

  • Six arguments pour inclure les femmes dans votre langage
    Une immuable série d’arguments est souvent opposée à l’usage du féminin et aux tirets pour féminiser les textes.

Maître de conférences en grammaire et stylistique française et vice-président en charge de l’égalité et de la vie citoyenne à l’Université Lyon 2, Yannick Chevalier défend une écriture inclusive, non discriminante et contre-argumente volontiers. En six points. (lire)


Réforme de

Publié sur Facebook
22 mai 2017

l'orthographe : c'est reparti pour un tour !

15 mois après le (re)démarrage de la polémique, les journalistes ne connaissent toujours pas le dossier. La ministre non plus !

Voir plus bas pour «l'émotion» de février 2016 et le fond de l'affaire

Voir la courte et lumineuse interview de Jean-Pierre Jaffré, linguiste du CNRS: «L'orthographe du français, une complexité inéluctable?» (vidéo, 18 nov. 2016)


Publié sur Facebook
9 avril 2017

à envoyer «à celles qui se disent auteure, chercheure, rapporteure… » !


Bannir la règle
du masculin qui l'emporte sur le féminin
Initiative de Slate.fr
13 mars 2017

Trente ans après le Canada, la Belgique et la Suisse, la France commence à réaliser que les progrès de l’égalité des sexes passent aussi par le langage. Ses avancées demeurent toutefois freinées par une mauvaise appréhension des problèmes– et une institution qui la tire en arrière, pour des raisons purement idéologiques.
(lire la suite)


« Droits de
l'homme » : la lutte continue
Concours d'éloquence
12 décembre 2016
Sur le thème «Pourquoi dire “droits humains” plutôt que “droits de l’homme”?», à l'occasion de la journée anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains (12 décembre 1948), par le Collectif des droits humains pour tou-tes. Voir et entendre les lauréat·es

Theresa May :
Première ministre ou Premier ministre ?
Tribune parue dans Libération
26 juillet 2016
«La guerre de la Première ministre n'aura pas lieu»
Vingt ans ou presque après la guerre de «Madame la ministre» versus «Madame le ministre», qui fit rage entre 1997 et 1999 après qu’Elisabeth Guigou et quelques autres eurent demandé qu’on parle d’elles au féminin, la nomination de Theresa May à la tête du gouvernement anglais relancera-t-elle la polémique? (Lire la suite)

(j'avais vu juste !)


Les “droits de
l'homme” : une expression obsolète
Tribune parue dans Huffington Post
28 mai 2016
La liste des scandales qui éclaboussent la classe politique française depuis quelques décennies à propos de son sexisme n'en finit plus de s'allonger. Si les stratégies et ripostes élaborées jusqu'à présent sont bienvenues, il est peu probable que nous puissions véritablement progresser sans questionner la culture qui autorise ces comportements…
Lire la suite : «Remettre en cause les “droits de l'homme”, pour faire de l'égalité des sexes une réalité» (version pdf)

“Madame le
président” : de Julien Aubert à l'Académie
Tribune parue dans Libération
24 octobre 2014
Qu’ils aient ou non appelé l’Académie française à leur secours, le député Julien Aubert et les 140 signataires de la pétition soutenant ses incivilités ont dû être bien déçus à la lecture de la «mise au point» publiée le 10 octobre par les Quarante. Celle-ci commence, en effet, par une déclaration de bienveillance…
Lire la suite : «“Mme le président”: l'Académie persiste et signe… mollement» (version pdf)

Réforme de
l'orthographe : la grande peur des nul·les
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Alors que la plupart des pays
procèdent régulièrement à des
réformes de leur orthographe, la
France vient encore d'être secouée
par une tempête de protestations
qui n'ont aucune raison d'être…
Si ce n'est la défense de l'un
des moyens les plus sûrs que
possèdent les élites de se
distinguer de la majorité
de la population.

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Les âneries entendues au printemps 2016 :
  • Une nouvelle réforme de l'orthographe !

Aucune nouvelle réforme. Celle dont on parle aujourd'hui a 25 ans d'existence. Ou plus exactement, elle devrait être appliquée depuis 25 ans, si les responsables successifs du ministère de l'Education nationale n'étaient pas à l'écoute des lobbies qui refusent la démocratisation de la société. Ce qui est nouveau, c'est la décision d'un certain nombre d'éditeurs d'appliquer cette réforme dans leurs nouveaux manuels.

  • Les académiciens sont pour !

C'est tout le contraire. Ce sont eux qui se sont opposés à l'application de la réforme, il y a 25 ans, à partir du rôle qu'on leur avait donné dans la commission en charge du dossier. Non seulement ils ont tout fait pour qu'elle soit la plus minimale possible (alors que le français écrit ne cesse de s'éloigner du français parlé, et cela sans aucune nécessité linguistique), mais ils ont exigé que l'ancienne orthographe continue d'être acceptée, au prétexte qu'il fallait laisser le temps au temps, et qu'on verrait bien si la nouvelle entrait dans les mœurs… La plupart des enseignant·es de français ont donc continué d'enseigner l'orthographe qu'elles/ils avaient apprise à l'école, sans même savoir (le plus souvent) qu'une réforme avait vu le jour. Pire: des dizaines de mots ont pu être orthographiés de deux manières, rendant le travail des correcteurs et correctrices, des institueurs et institutrices, des apprenant·es du français… encore plus compliqué qu'avant.

  • C'est la fin du monde, la fin de la culture française, la fin des haricots…

C'est sûr. D'ailleurs c'est bien connu: le français que nous connaissons est garanti d'origine. Saint Louis écrivait nénuphar, événement et interpeller. Rabelais aussi. Et Racine pareil… Qu'on en juge donc par les Observations de son contemporain Gilles Ménage, grand connaisseur de la langue française, parues en 1672:

On voit non seulement qu'abîme n'avait pas d'accent circonflexe, mais qu'il s'écrivait encore autrement, et même qu'il a changé de sexe en cours de route! La fin des haricots a déjà eu lieu, on diroit…

  • On ne va plus s'y retrouver !

C'est le contraire : la plupart des mots modifiés par la réforme font depuis belle lurette partie de ceux que les Français·es écrivent en se trompant. S'il n'y a plus qu'une seule orthographe pour ces mots, et si elle est au plus près des règles mémorisées pour les autres termes, cela va rendre les choses plus simples… Du moins pour les gens qui ne risquent pas de passer à la télé ou à la radio afin de délivrer leur opinion sur ce qu'elles ne connaissent pas (on a bien lu: le mot gens étaient féminin, autrefois). Quant aux rares personnes qui connaissaient (ou croyaient connaître) ces petits détails qui font la différence entre les initié·es et les autres, elles vont encore perdre une once de leur pouvoir de séduction sur les malin·es de leur genre!

  • «Il ne revient pas au ministère de l’Éducation nationale de déterminer les règles en vigueur dans la langue française. Ce travail revient à l’Académie française, depuis Richelieu.»

Ça, c'est la plus belle. Et qui dit ça? Le gouvernement lui-même! Avec un argumentaire qui multiplie les erreurs et les contrevérités. Ces gens n'ont pas lu les statuts originaux de l'Académie française (accessibles à tout le monde grâce à Internet - voir pages 489 et suiv.) et ils ne savent même pas que c'est à Guizot, ministre de l'Instruction publique, que nous devons la plus importante réforme de l'orthographe jamais réalisée. Il avait fait voter en 1833 la loi faisant prendre en charge l'instruction primaire obligatoire (pour les garçons! les filles devront attendre quelques décennies de plus), et les manuels officiels étaient en préparation. Restaurateur de l'Académie des Sciences morales et politiques en 1832, il est entrée à l'Académie française en 1834, et il a obotenu qu'elle enregistre un grand nombre de modernisations orthographiques dans la 6e édition de son Dictionnaire (paru en 1835). Sans cette réforme, nous escririons tousjours comme l'on vist cy-dessus, car ces Messieurs ne juroient que par leurs coustumes!

  • A propos, de quoi parle-t-on ?

De quelques terminaisons verbales, de quelques traits d'union, de quelques accents… Télécharger le pdf.

  • A lire : Michel Arrivé, Réformer l'orthographe? réédité chez Lambert-Lucas, 2016 [première édition: PUF, 1994]

Les “droits humains”
plutôt que les “droits de l'homme” !
avril-mai 2015

Deux campagnes !

L'une, lancée par le Collectif Droits humains pour tout-es : «Il est temps que les institutions françaises abandonnent l’expression incorrecte et excluante «droits de l’homme» pour adopter l’expression droits humains, à l’instar de nombreux pays francophones (le Canada, la Suisse, Haïti…) et de l’ensemble des autres pays du monde (human rights en anglais, derechos humanos en espagnol, diritti umani en italien, Menschenrechte en allemand, etc.)»… — voir sur leur site la pétition à signer.

L'autre, lancée par Zéromacho : «La célèbre Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a été votée en 1789 par des députés qui étaient tous des hommes, et au seul bénéfice des hommes: elle ne s’appliquait ni aux femmes ni aux esclaves.
«Zéromacho adapte l’image et le texte d'origine à la mixité afin de promouvoir l’égalité des droits. Cette représentation symbolique, placée sous l’égide du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), pourra être affichée partout en France, pour mettre l’accent sur la mixité des valeurs républicaines.» (lire la suite)


Un nouveau guide
pour apprendre à “communiquer sans sexisme”
Novembre 2015 : A l'initiative du Haut Conseil à l'Egalité femmes-hommes

10 recommandations, expliquées, illustrées :

  1. Eliminer les expressions sexistes
  2. Accorder les noms de métiers, titres, grades et fonction
  3. User du féminin et du masculin*
  4. Utiliser l'ordre alphabétique
  5. Présenter intégralement l'identité des femmes et des hommes
  6. Ne pas réserver aux femmes les questions sur la vie personnelle
  7. Parler “des femmes” et non de “la femme”
  8. Diversifier les représentations des femmes et des hommes
  9. Veiller à équilibrer le nombre de femmes et d'hommes
  10. Former les professionnel·les

Novembre 2016 : UNE NOUVELLE VERSION ACTUALISEE !

* voir également les Préconisations


A l'attention
de la presse

20 novembre 2015 : Communiqué de presse des associations Chiennes de garde, la Clef, Femmes solidaires, Osez le féminisme
«De l'importance de la sémantiques dans les droits des femmes, ou quelques mots-clés + Petit lexique journalistique (pdf)


Les sottises
de Julien Aubert
Janvier 2014 : première passe d'armes avec Sandrine Mazetier — voir Le Lab Europe 1 du 16 janvier

6 octobre 2014 : seconde passe d'armes — voir Libération du 7 octobre

9 octobre : 140 député-es de droite le soutiennent par une pétition (lettre ouverte au président de l'Assemblée nationale, publiée dans le Figaro) et font vraisemblablement appel à l'Académie française

13 octobre : l'Académie publie une «mise au point»

Janvier 2015 : le député engage un recours en justice, sous prétexte «de faire respecter le droit inaliénable de tout représentant de la Nation à s’exprimer comme il le désire, a fortiori lorsqu’il le fait correctement et poliment, sans devoir se plier au diktat d’une majorité politique du moment ou d’un soi-disant féminisme, qui est en réalité le masque d’une idéologie». L'énergumène invoque donc la politesse: il était temps! Il renonce à s'appuyer sur l'Académie. Par la même occasion, il renonce à sa défense de la langue française… Heureusement, car il ignore le sens de soi-disant. — voir l'article dans Huffpost du 19 janvier


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