ELIANE
VIENNOT

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OUVRAGES
PERSONNELS
Seize études sur Marguerite de Valois, ses proches, son temps, son œuvre, son mythe - Paris, Classiques Garnier, 2022

La popularité encombrante de la Reine Margot a longtemps rejeté dans l’ombre l’actrice politique remarquée, la mécène recherchée, l’autrice adulée que fut la dernière des Valois. Cet ouvrage réunit des études publiées entre 1994 et 2019 dans différentes revues et ouvrages collectifs. Les principaux ajustements concernent l’homogénéisation des références textuelles, notamment pour les œuvres dont l’édition critique est intervenue en cours de route. L’ensemble éclaire des points d’histoire (le «démariage royal», le retour de la reine à Paris, la vie privée d’Henri IV…), des questions d’histoire littéraire (l’attribution et la désattribution d’œuvres, l’«invention» du genre des Mémoires…), les manières d’écrire et de se penser de la reine. Voir la Table des matières


En finir avec l'homme. Chronique d'une imposture - Donnemarie-Dontilly, Editions iXe, 2021

Depuis quand, pourquoi, par quel détour le mot «homme» en est-il venu à désigner le genre humain tout entier? Et comment se fait-il que tant de francophones ne songent pas à questionner cet usage totalisant? Au fil d’une passionnante enquête, Éliane Viennot revient sur l’étymologie du terme, sur son sens premier et son sens sublimé par la grâce d’institutions puissantes, sur les contradictions et les confusions que cela n’a pas manqué de provoquer. Ce livre est l’histoire d’un abus de langage qui a hissé le mâle de l’espèce au rang de représentant absolu de l’humanité. Lire la suite


L'Âge d'or de l'ordre masculin. La France, les femmes et le pouvoir (1804-1860) - Paris, CNRS Editions, 2020

Le quatrième volume de cette étude explore les décennies qui, d’un empire à l’autre, en passant par le retour de la monarchie et celui de la République, ont vu se consolider la domination des hommes sur les femmes à un point jamais vu jusqu’alors en France. Entreprise difficile et conflictuelle, dans une société où la question de l’égalité des sexes était débattue depuis la fin du Moyen Âge, et où tant de femmes en avaient fait la démonstration. D’où le déploiement sans précédent de constitutions, de lois, de mesures règlementaires, de théories pseudo scientifiques, de discours historiques délibérément muets sur les femmes, mais aussi de violences verbales, physiques et symboliques destinées à assoir le nouvel ordre… Lire la suite


Femmes et littérature. Une histoire culturelle • sous la direction de Martine Reid - Paris, Gallimard, Collection Folio essais, 2020

Une entreprise unique, fruit du renouveau des études de genre en littérature, dans laquelle me reviennent les trois chapitres sur «La fin de la Renaissance». Cette étude met en évidence que l’invention de l’imprimerie (opérationnelle en France dès les années 1470) a eu pour conséquence une inflation sans précédent des discours misogynes, mais aussi l’intensification de la Querelle des femmes, l’acculturation rapide des femmes des milieux aisés, leur accès progressif à l’imprimé… Et que d’autres facteurs sociaux et politiques ont rendu possible, en dépit du renforcement de l’ordre masculin, l’émergence spectaculaire de cette espèce nouvelle qu’on allait bientôt moquer et combattre: l’autrice. Plus d'informations


La Querelle des femmes, ou “N'en parlons plus” - Donnemarie-Dontilly, Editions iXe, 2019

Nous croyons généralement que le féminisme est né au XIXe siècle. En réalité, c'est à la fin du Moyen-Âge qu'ont émergé les premières protestations contre le projet de domestication des femmes que caressait la clergie (la classe savante), et qu'elle commençait à mettre en œuvre. Des milliers de textes témoignent de cette protestation et des stratégies mises en œuvre pour y résister, de même que de la volonté des masculinistes d'approfondir leur avantage. Cette production n'a commencé à se tarir que dans les années 1930, avec l'accès progressif des femmes à l'université et aux métiers verrouillés par ses diplômes: une période où il est devenu beaucoup plus difficile de défendre sérieusement la thèse de l'infériorité féminine. Voir la présentation


Le langage inclusif : pourquoi, comment - Donnemarie-Dontilly, Editions iXe, 2018

Depuis la polémique sur “l’écriture inclusive” qui a éclaté à l'automne 2017, de très nombreuses personnes et institutions ont décidé de modifier leurs manières de parler ou de communiquer. Fruit de plusieurs années de recherches et d'innombrables rencontres avec le public, ce petit guide expose les bonnes raisons qu'il y a aujourd'hui de débarrasser la langue des normes et des règles masculinistes qui y ont été installées (parfois fort récemment), pour dire et pour écrire un monde où chacun·e aurait sa place, à égalité avec les un·es avec les autres. Voir la présentation


Et la modernité fut masculine. La France, les femmes et le pouvoir, 1789-1804 - Paris, Perrin, 2016

Ce troisième volume de la recherche initiée au début de ce siècle montre que les Français et les Françaises ont pratiqué des formes avancées d’égalité des sexes durant les premières années de la Révolution, mais aussi que leur enthousiasme pour la «régénération de la patrie» s’est très vite heurté à la détermination des élites masculines arrivées au pouvoir en juillet 1789. Accentuant le «privilège masculin» dans presque tous les domaines, les membres des assemblées n’ont pas accepté que les femmes puissent monter à la tribune, mais (lire la suite)


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Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française - Donnemarie-Dontilly, éditions iXe, 2014, 2017, nouvelle édition 2022

Depuis sa publication, en 2014, ce petit livre a largement contribué à légitimer les efforts visant à rendre la langue française plus souple, plus inclusive, plus égalitaire. Les puristes qui s'alarment de ces avancées ont perdu du terrain. Leurs digues se fissurent, leurs cris d'effoi les ridiculisent (qui faut-il pour entendre “vaine” dans écrivaine, et pas “vain” dans écrivain?), leurs «il faut dire» et «cela ne se dit pas» ne font plus autorité. Simple et accessible, (lire la suite)


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La France, les femmes et le pouvoir - Paris, Perrin, 2006 (L'invention de la loi salique, 5e-16e s.) et 2008 (Les résistances de la société, 17e-18e s.)

Dernier des grands pays  occidentaux à avoir accordé le droit de vote aux femmes, la France peine toujours à leur faire de la place dans les positions décisionnelles, malgré une législation originale et apparemment courageuse. Parfois attribuées à un mystérieux «retard français», les raisons de cette situation font surtout, aujourd'hui, l'objet d'un tabou. De fait, l'exception française ne date pas d'hier, et elle n'a pas toujours eu le visage qu'on lui connait. (Lire la suite)


Marguerite de Valois. Histoire d’une femme, histoire d’un mythe - Paris, Payot, 1993

Marguerite de Valois, c'est la «Reine Margot». Du moins est-ce ainsi que nous l'appelons aujourd'hui et que nous croyons la connaître. Le personnage, tombé dans la légende bien avant qu’Alexandre Dumas ne lui donne son sobriquet, n’a pourtant que peu de rapports avec la femme politique,  la négociatrice habile, l’écrivaine, l’érudite, la mécène et la princesse incroyablement pugnace que fut la derniière fille de Catherine de Médicis et la première épouse de Henri IV. (Lire la suite)


OUVRAGES
DIRIGÉS OU CO-DIRIGÉS

2019
Les nouvelles formes d'écriture • sous la direction de Véronique Le Ru, Machteld Meulleman & Eliane Viennot - Savoirs en prisme n°10, déc. 2019

Des Prolégomènes signés des trois éditrices, suivis d'un Entretien, de six articles et de deux comptes rendus. Ensemble de la revue en ligne


2019
De Marguerite de Valois à la reine Margot : Autrice, mécène, inspiratrice • sous la direction de Catherine Magnien & Eliane Viennot - Rennes, PUR, 2019

Fille, sœur et épouse de cinq rois de France, Marguerite de Valois (1553-1615) est devenue après sa mort la première autrice d’un best-seller avec ses Mémoires, publiés en 1628, prototype et modèle reconnu d’un genre littéraire fécond… avant d’être saisie par la légende et transformée en «reine Margot». Sa vie durant, jeune princesse, puis reine de Navarre, puis reine exilée, et enfin – une fois démariée – Reine Marguerite réhabilitée dans sa cour parisienne, elle s’entoura de femmes et d’hommes de lettres… (Lire la suite)


2017
La Différence des sexes : questions scientifiques, pièges idéologiques • sous la direction de Nicolas Mathevon & Eliane Viennot - Paris, Belin, 2017

Qu’est-ce qu’être un homme ou une femme, aujourd’hui? Qu’était-ce hier? Ce que nous pensons «féminin» ou «masculin» l’est-il bien? Est-ce conjoncturel, culturel, induit par des traditions et des impératifs économiques, ou bien profondément inscrit dans nos corps et plus ou moins intangible? Ces questions sont en partie vieilles comme le monde. Elles se posent néanmoins, de nos jours, dans un contexte radicalement nouveau: celui (Lire la suite)


2016
L'Académie contre la langue française : le dossier «féminisation» • sous la direction d'Eliane Viennot, avec Maria Candea, Yannick Chevalier, Sylvia Duverger, Anne-Marie Houdebine, et la collaboration d'Audrey Lasserre - Donnemarie-Dontilly, éditions iXe, 2016

En trois siècles et demi d’existence, l’Académie a beaucoup travaillé à masculiniser le français. Porte-bannière des partisans du «genre le plus noble», ce vestige de la monarchie absolue mène depuis le milieu des années 1980 une croisade contre la «féminisation», en dépit des besoins langagiers d’une société où l’égalité des sexes progresse – en (Lire la suite)


2013
L'Engagement des hommes pour l'égalité des sexes, XIVe-XXIe siècle • sous la direction de Florence Rochefort & Eliane Viennot - Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2013

Qu’on les appelle «amis des femmes», «champions des dames», «hommes d’exception», «alliés», «hommes féministes», «pro-féministes»…, les hommes engagés pour l’égalité des sexes constituent au regard de l’histoire une cohorte plus nombreuse et plus active qu’on ne le croit généralement. On leur doit, jusqu’à la Renaissance, la totalité des textes connus ayant défendu la thèse de l’égale dignité des deux sexes, puis encore (Lire la suite)


2012
Revisiter la Querelle des femmes. Discours sur l’égalité/inégalité des femmes et des hommes, de 1750 aux lendemains de la Révolution française • sous la direction d'Eliane Viennot, avec la collaboration de Nicole Pellegrin - Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2012

De la fin du Moyen Âge aux premières décennies du XXe siècle, l’Europe et en particulier la France ont été le théâtre d’une gigantesque polémique sur la place et le rôle des femmes dans la société. Qu’elle soit feutrée ou violente, qu’elle prenne un tour sérieux ou cocasse, qu’elle en appelle aux raisonnements ou aux émotions, qu’elle s’exprime en traités, pamphlets, pièces de théâtre, romans, tableaux… (Lire la suite)


2010

Le Contact • Études réunies et présentées par Christophe Donnet, Nicolas Mathevon & Éliane Viennot – Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2010

Des impacts entre les météorites et la Terre aux rapports qu’entretiennent le latin, le grec et l’hébreu dans des manuscrits du Moyen Âge, en passant par les interactions médicament-cellule que rendent possibles les nanoparticules, il y a bien des façons d’envisager la question du contact. On en trouvera une quinzaine d’autres dans cet ouvrage conçu pour être compris de non spécialistes et qui présente quelques-unes des meilleures recherches menées aujourd’hui en France.


2005

Louise Labé 2005 • Études réunies par Béatrice Alonso & Éliane Viennot – Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2005

En 1555, une Lyonnaise de petite extraction faisait publier ses Œuvres. Mince volume, fait d’une Épitre dédicatoire où elle appelait les femmes à «élever un peu leur esprit au-dessus de leurs quenouilles», d’un Débat d'Amour et de Folie où elle parodiait l’éloquence judiciaire et s’amusait des idéologies à la mode, de trois Élégies et vingt-quatre Sonnets où elle chantait le bonheur et la douleur d’aimer; le tout suivi d’un bouquet d’hommages rédigés par les auteurs les plus célèbres de son temps… (Lire la suite)


2004

Actualité de Jeanne Flore • Dix-sept études réunies par Diane Desrosiers-Bonin & Eliane Viennot, avec la collaboration de Régine Reynolds-Cornell – Paris, Honoré Champion, 2004

Extraordinaire roman policier que l’histoire des Comptes amoureux de Jeanne Flore! L’auteur exista-t-il vraiment? Était-ce une femme ou un homme – ou encore un groupe d’amis? Quelle place tint la rivalité des imprimeurs lyonnais dans la publication de ce recueil de contes, et quels enjeux cette dernière représenta-t-elle dans la vie littéraire et intellectuelle des années 1530? (Lire la suite)


2003

Culture d’élite, culture de masse et différence des sexes • sous la direction de Geneviève Sellier & Eliane Viennot – Paris, L’Harmattan, 2003

La seconde moitié du XIXe siècle a-t-elle vu émerger en France une culture d’élite particulière, en réaction à la généralisation de la scolarité publique et à la révolution industrielle qui permettait une production culturelle de masse? Cette fracture s’est-elle renforcée d'une association entre la culture de masse et le féminin d'une part, la culture d'élite et le masculin d'autre part? (Lire la suite)


2001

Femmes de pouvoir : mythes et fantasmes • sous la direction d'Odile Krakovitch, Geneviève Sellier & Eliane Viennot – Paris, L’Harmattan, 2001

La scène politique et philosophique française a été récemment marquée par une vigoureuse remise en cause du monopole masculin sur la vie publique et du statu quo qui en assure la reproduction. Mais si sociologues, politologues et philosophes ont commencé de mettre au jour les prémisses et les mécanismes de cette domination, les racines culturelles de l’exclusion des femmes du pouvoir demeurent encore pour l’essentiel dans l’ombre. (Lire la suite)


1999

Royaume de Femynie. Pouvoirs, contraintes, espaces de liberté des femmes, de la Renaissance à la Fronde • sous la direction de Kathleen Wilson-Chevalier & Eliane Viennot - Paris, Honoré Champion, 1999

A l'aube de la Renaissance, le jour des fiançailles du futur François Ier et de Claude de France, un contemporain fasciné trouva qu'il y avait là «tant de suite de dames et damoiselles qu'il semblait que le royaume de Fémynie y fût arrivé.» La féminisation de la scène publique est en effet une caractéristique prépondérante de la période, qui comme aucune autre voit des femmes se succéder au gouvernement et donner le ton à la Cour, mais aussi s'illustrer dans les affaires religieuses, le mécénat, la littérature… (Lire la suite)


1996
La Démocratie « à la française », ou les femmes indésirables • sous la direction d'Eliane Viennot – Paris, Publications de l’Univ. de Paris 7-Denis Diderot, 1996

«Les hommes naissent libres et égaux», déclaraient voici plus de deux cents ans les révolutionnaires français. Les hommes oui, les femmes non. Malgré une longue tradition de participation à la vie politique, malgré une présence très active sur la scène révolutionnaire, malgré, surtout, la contradiction flagrante ainsi inscrite dans l'acte de naissance de la Démocratie, les femmes se voyaient exclues de tous les droits politiques. (Lire la suite)


1991
Femmes et pouvoirs sous l'Ancien Régime • sous la direction de Danielle Haase-Dubosc & Eliane Viennot – Paris, Rivages, 1991

Réfléchir aux pouvoirs des femmes sous l'Ancien Régime, c'est aller délibérément contre les idées reçues qui entravent notre compréhension des rôles, des contraintes et des réussites des femmes (célèbres ou anonymes) entre les XVIe et XVIIIe siècles. Ce livre pose la question – si importante de nos jours et si mal débrouillée encore – du pouvoir des femmes et des places qu'elles ont occupées dans les sphères du droit, de la politique, du travail, de la religion et de la littérature, alors qu'on ne les y attendait pas… (Lire la suite)


ÉDITIONS
Marguerite de Valois, Mémoires, suivis du Discours sur l'excellence des femmes • Édition Éliane Viennot – Paris, Seuil, «Points classiques», 2022
2022
L'œuvre la plus célèbre de Marguerite de Valois, fondatrice du genre des “mémoires aristocratiques” tant elle eut de succès à sa sortie, en 1628 (près d'une vingtaine d'éditions dans le seul XVIIe siècle, plus des traductions en italien et en anglais).
La dernière fille de Catherine de Médicis et d'Henri II, sœur de trois rois de France, épouse du Premier Bourbon, reine de Navarre puis de France, rédigea ses Mémoires à partir de la fin de l'année 1593, après avoir reçu de son ami Brantôme un Discours sur elle (qu'elle lui avait commandé des années plus tôt). Elle vivait alors en exil en Auvergne, et elle venait de recevoir de Henri IV une proposition en vue d'annuler leur mariage. Elle y raconte son enfance, sa jeunesse et sa vie t jusqu'au début de l'année 1582 – la suite du texte étant perdue. La vie tumultueuse d'une princesse catholique mariée à un prince protestant, en pleine période des guerres civiles et religieuses.

Le texte est republié avec le Discours sur l'excellence des femmes, qu'elle conçut en 1614, un an avant sa mort, alors qu'elle vivait à Paris et animait une cour féministe. Il est reproduit en orthographe modernisée, accompagné de notes succinctes et précédé d'une introduction expliquant pourquoi nous ne le considérions plus comme un classique, et même pourquoi nous ne savons pas que cette femme-là a jamais écrit. C'est que La Reine Margot d'Alexandre Dumas est passée par là (1845), et que la modernité a préféré le roman à la réalité, la “grande amoureuse" perverse (nymphomane, disait le Petit Robert dans les années 1980) à la femme politique, la mécène, l'autrice, l'amie des poètes et des savants… (voir aussi)

Théâtre de femmes de l'Ancien Régime, vol. 1, Le XVIe siècle • sous la direction d'Aurore Evain, Perry Gethner & Henriette Goldwyn – Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2007
2007

Le théâtre des femmes a une longue tradition qui remonte à la Renaissance et qui s’est développée dans de multiples genres, en remportant souvent beaucoup de succès. C’est à sa rencontre qu’invite cette anthologie, en commençant par les premières grandes autrices françaises connues : la reine Marguerite de Navarre, la poétesse lyonnaise Louise Labé et l’animatrice d’un célèbre salon poitevin, Catherine Des Roches.

Leurs œuvres nous entraînent dans l’étonnant théâtre du XVIe siècle, alors en pleine effervescence et mutation. La sœur de François Ier se lança la première sur ce terrain traditionnellement si masculin ; sensible aux idées de la Réforme, favorable à la liberté de conscience, elle composa des pièces aussi originales qu’audacieuses. La savante Louise Labé s’inscrivit pour sa part dans le débat des humanistes sur le théâtre antique, les genres italiens « modernes » et les philosophies dans l’air du temps ; son impertinente comédie-débat devait avoir une longue postérité. Catherine Des Roches, enfin, s’exprima dans la pastorale, la tragi-comédie, les dialogues dramatiques… Illustrant l’inventivité, la richesse et la variété du théâtre qui précède celui de « l’âge classique », ces trois pionnières se rejoignaient en outre dans leur volonté de faire entendre la voix des femmes. Ce n’est pas le moindre des intérêts qu’on trouve aujourd’hui à les lire – ou à les jouer.

Eliane Viennot a établi les textes de Louise Labé (Le Débat d'Amour et de Folie) et de Catherine Des Roches (Tobie, Bergerie, Dialogue de Placide et Sévère, Dialogue d'Iris et Pasithée).


Anne de France, Enseignements à sa fille, suivis de l'Histoire du siège de Brest • Édition Tatiana Clavier & Éliane Viennot – Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2007
2007
La fille de Louis XI est connue pour avoir fermement gouverné la France après la mort de son père, alors que son frère Charles VIII était encore mineur, qu’elle-même n’avait pas la trentaine et que faisait rage la «guerre folle» des grands nobles. Ayant marié son frère à la duchesse Anne de Bretagne (1491), elle se concentra sur l’organisation de la vie de la Cour, l’éducation des femmes qui l’entouraient et la gestion de ses duchés, tandis que son mari, le duc Pierre de Bourbon, demeurait le second personnage de l’État.

Les deux textes en prose réunis ici sont les seuls que l’on connaisse d’elle. Les Enseignements, écrits peu après son veuvage (1503) à l’intention de sa fille unique alors adolescente, sont un document unique sur l’éducation des grandes dames de la Renaissance. La nouvelle qui les suit en illustre certains messages, en mettant en valeur la conduite d’une femme exemplaire, dans un moment critique de la guerre de Cent ans. Nourries d’idées et d’expérience, ces deux œuvres témoignent de l’extraordinaire personnalité d’Anne de France, des principes qui sont à l’origine de sa réussite personnelle, de sa perception des dangers qui guettaient les femmes de son époque, et d’un talent que la grande Marguerite de Navarre fut la première, sans doute, à remarquer.


Marguerite de Valois, Mémoires et discours • Édition Éliane Viennot – Publications de l'Univ. de Saint-Etienne, 2004
2004
Pour Richelieu et Mme de Lafayette, pour Voltaire, pour Stendhal encore, Marguerite de Valois n’était pas la «reine Margot», sobriquet inventé par Alexandre Dumas. Elle n’était pas non plus la princesse dépravée que la modernité associe à ce titre de fantaisie. Elle était la reine Marguerite, dernière représentante des Valois-Médicis et autrice de Mémoires fameux, édités tout au long de l’Ancien Régime – en France comme en Angleterre et en Italie. Rien de moins frelaté que ce succès, qui devait rebondir tout au long du XIXe siècle: le texte évoque avec un talent consommé les heures les plus dramatiques de l’époque des guerres de religion, mais aussi les intrigues rocambolesques de la cour d’Henri III, sans parler des amours tumultueuses des jeunes seigneurs et dames qui l’animaient.

Les Mémoires sont ici accompagnés des deux autres  textes en prose de la reine: la Déclaration du roi de Navarre, qu’elle écrivit en 1574 pour le compte de son époux, le futur Henri IV, coupable d’une tentative de coup d’État; et le Discours sur l’excellence des femmes [Discours docte et subtil], qu’elle rédigea au crépuscule de sa vie, s’inscrivant ainsi dans la «querelle des femmes» qui faisait rage en France depuis près de deux siècles – mais qui l’avait jusqu’alors bien peu intéressée.


Marguerite de Valois, Mémoires et autres écrits, 1574-1614 • Edition critique établie par Éliane Viennot – Paris, Honoré Champion, 1999

1999

Ce livre et le suivant ont fait l'objet d'un prix de l'Académie française

Sans l'immense succès de ses Mémoires, il est à parier que Marguerite de Valois ne serait jamais devenue la «reine Margot». La trentaine d'éditions que connut au XVIIe siècle ce petit texte à la fois romanesque et historique, à la fois pathétique et malicieux, fixa en effet dans l'imaginaire de sa postérité l'image d'une femme intelligente et intrépide, qui avait traversé la Saint-Barthélemy en voyant tomber les morts autour d'elle, qui avait participé à des complots, organisé des évasions, bravé l'autorité royale durant des années… La fraîcheur et l'allant du texte – malheureusement lacunaire – sont à mettre en relation avec les nouvelles perspectives qui s'ouvraient devant la reine au moment où elle prit la plume (1594), après une décennie de déboires et déjà huit ans passés dans une forteresse auvergnate: son époux, devenu Henri IV, venait de lui proposer le «démariage» et un rétablissement de sa situation. Mais le bonheur d'écrire vient aussi de ce qu'elle s'adresse à son vieil ami Brantôme, qui lui avait dédié un Discours et à qui elle répond, pour lui expliquer ce qu'il ne sait pas, ou en quoi il se trompe.
La célébrité des Mémoires, qui ne s'est jamais démentie, ne doit cependant pas faire oublier que Marguerite de Valois s'est illustrée dans d'autres genres. Si le Mémoire justificatif, rédigé vingt ans plus tôt pour le compte de son mari, révèle un art consommé de la rhétorique et un goût déjà prononcé pour l'autobiographie, le Discours docte et subtil, écrit vingt ans plus tard, témoigne de l'intérêt qu'au soir de sa vie la reine porta à la Querelle des femmes, et du plaisir qu'elle prit à se lancer dans la joute. Quant aux poèmes que l'on a pu retrouver d'elle, ils montrent la variété des formes dans lesquelles elle s'est exprimée, et les stratégies qu'elle a mises en œuvre pour s'affirmer partie prenante de la communauté des créateurs.


Marguerite de Valois, Correspondance, 1569-1614 • Edition critique établie par Éliane Viennot – Paris, Honoré Champion, 1998
1998
L'accumulation des discours légendaires sur Marguerite de Valois, alias la «reine Margot», a longtemps fait oublier qu'elle fut une princesse constamment impliquée dans la vie politique de son temps, une mécène éclectique et avisée, une active partisane de la Contre-Réforme et surtout une très grande plume. Sur cet étonnant personnage à la fois ancré dans la Renaissance et déjà tourné vers l'Age classique, il manquait encore de disposer de textes fiables pour pouvoir mener à bien de nouvelles études. Sa correspondance, notamment, n'avait jamais été rassemblée et restait pour une bonne part inédite.

Le présent volume réunit le demi-millier de lettres aujourd'hui répertorié de ce qui fut échangé entre la reine et ses proches (Catherine de Médicis, Henri III, Henri IV…), les principaux souverains d'Europe (Philippe II, Élisabeth Ire d'Angleterre, les Médicis…), les grandes familles françaises (Condé, Guise, Montmorency, Nevers…), les hommes d'État (Bellièvre, Matignon, Villeroy…), ses ami/es (les duchesses d'Uzès, de Retz, de Nevers, Brantôme…), ses amoureux (Champvallon, Fourquevaux), ses villes (Auch, Condom, Usson…) et ses «domestiques» (Pibrac, Mme de Noailles…). Des épisodes mal connus s'éclairent ainsi au fil des lettres, tels que le trop long «affront» des années 1583-1584, la patiente négociation avec Henri IV et ses ministres en vue du «démariage» royal, la stratégie élaborée par Marguerite pour revenir à Paris après ses vingt années d'exil auvergnat, ou le soutien politique qu'elle apporta à la régente Marie de Médicis. Mais c'est aussi le talent de la reine que permet d'apprécier cette correspondance, où les plus belles pages des Mémoires sont souvent égalées et où se dévoilent, en même temps que l'esthétique commune à tous les écrits, les liens nombreux – thématiques, stylistiques, pragmatiques – qui les unissent.


Alexandre Dumas, La Reine Margot • Postface et notes par Eliane Viennot – Paris, Livre de Poche Classique, 1994
1994
Le roman d'Alexandre Dumas, publié pour la première fois en feuilleton dans La Presse, au tournant des années 1844 et 1845, fut à l'origine du renouveau considérable de curiosité pour le personnage de Marguerite de Valois — ou plutôt à l'origine de la curiosité pour ce nouveau personnage qu'était la «reine Margot», partiellement sortie de l'imagination du grand romancier. L'œuvre est ici rééditée dans l'édition de 1962 du Livre de Poche. Elle est suivie d'une postface (pdf) et de notes historiques et littéraires. L'ensemble permet de comprendre que Dumas était aussi bon historien que romancier, et comment il a «travaillé» les matériaux qui étaient à sa portée pour produire une création des plus originale.

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