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Les accords de proximité

Eliane Viennot © acticle mis en ligne le 20 janvier 2023

À côté des accords au choix, les accords de proximité sont la solution la plus simple, la plus intuitive, pour accorder des noms de genre ou nombre différent avec un ou plusieurs termes qu’ils ont en facteur commun (généralement un adjectif ou un participe).

Elle s’impose notamment lorsque ces noms sont de valeur à peu près équivalente. Cette solution était très pratiquée avant l’invention du dogme de l’accord au «genre le plus noble», aujourd’hui résumé par la formule «le masculin l’emporte sur le féminin».

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I. Accords entre termes qui se suivent

I-1. «Ce peuple a le coeur et la bouche ouverte à vos louanges.»
— Claude Favre de Vaugelas, Remarques sur la langue françoise, Pierre le Petit, 1647, p.82-83

I-2. «Surtout j'ai cru devoir aux larmes, aux prières,
Consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières
— Jean Racine, Athalie, 1691, ActeI sc.2

I-3. «En effet, c'est comme une espèce d'enthousiasme et de fureur noble qui anime l'oraison, et qui lui donne un feu et une vigueur toute divine
— Nicolas Boileau, Traité du sublime, in Œuvres diverses, Denys Thierry, 1674, t.2, p.18

I-4. «La cause morale, vous le savez, c’était l’impulsion des sentiments et des croyances religieuses»
 — François Guizot, Histoire générale de la civilisation en Europe, Didier, 1840, p.241.

I-5. «On peut aller sur le lac [d'Evian] en bateau à vapeur ou en petits-bateaux, et visiter les coteaux et montagnes voisines, à pied ou en voiture»
— Charles Linarix, Guide pratique de la Savoie et Haute-Savoie médicale et pittoresque, Maloine, 1896, p.338

L’accord du dernier nom d’une énumération avec l’adjectif ou le participe immédiatement exprimé après lui (fonction épithète) était fort courant dans l’ancienne langue. Il s’imposait quasiment toujours en cas d’adjectif variant en genre et/ou en nombre à l’oral, par souci d’euphonie.

En effet, le fonctionnement ordinaire du français exige l’accord du nom avec son ou ses déterminants, de même qu’avec son ou ses adjectifs, et notre oreille est habituée à ces correspondances. Toute discordance introduite dans ces accords donne l’impression désagréable d’une dissonance, un sentiment d’erreur, de solécisme (comme dans l’énoncé «le chienne est blanc»). C’est la raison pour laquelle l’immense majorité des grammairiens, jusqu’au XXe siècle, a admis une exception au dogme du masculin pluriel obligatoire élaboré au XVIIe siècle. Et c’est la raison pour laquelle les pédagogues qui ne veulent pas entendre parler de dérogation à ce dogme conseillent d’inverser les termes, de sorte que le nom masculin se retrouve en fin d’énumération, en position de donner ses marques… en vertu de l’accord de proximité!

Les exemples groupés sont présentés chronologiquement, afin qu’on réalise mieux la longévité de ces usages.

A. Exemples anciens (orthographe modernisée)

Les exemples 1 à 5 montrent des cas de conflit de genre. Les noms doivent être accordés avec un adjectif qui n’a pas le même son au féminin et au masculin; puisque cet adjectif suit immédiatement le nom féminin, il est au féminin.

On observera que la référence du dernier exemple abrite un autre accord de proximité, puisque médicale et pittoresque sont au singulier, alors qu'il y a deux Savoie.

I-6. «Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisoit au Louvre»
— Lafayette, La Princesse de Clèves, 1678

I-7. «Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux [aux yeux de la loi] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics ».
— Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, aout 1789, art. 6

animés

I-8. «…bailler la personne de Monseigneur de Guyenne et de beaux neveux et nièces à nos très chers et très aimés oncles les ducs de Berry et de Bourbon…»
— Déclaration de Louis d’Orléans, sept. 1405, in Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI, tome 1, Vve J. Renouard, 1863, p.276

I-9. «…comme sesdits maitre et maitresse étaient en pèlerinage à Notre-Dame de Montfort…»
— Cas Gilete La Large, 27 avril 1390, in Registre criminel du Châtelet de Paris, Société des Bibliophiles, tome I, 1861, p.307

L’exemple 6 montre un conflit de nombre. Les deux noms à accorder sont masculins, mais le dernier est au singulier; or l’adjectif qui le touche change de sonorité en passant au pluriel. Il reste donc au singulier. On observe que le verbe faire suit le même régime (ce qui sera traité dans la section suivante).

L’exemple 7 montre que l’accord de proximité peut aussi concerner des mots venant avant les noms qui appellent l’accord. Dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il s’agit de l’adjectif tout·e, qui précède toujours le nom qu’il qualifie lorsqu’il signifie «chaque», et qui est régulièrement suivi d’un article défini (lui-même accordé avec le nom qui suit). Il est ici accordé avec dignité, bien qu’il qualifie également les deux mots suivants, dont l’un est au masculin.

Exemples anciens appartenant au corpus des noms d'êtres animés

Tous les exemples cités jusqu’ici mettent en jeu des noms appartenant au corpus des «êtres inanimés»: des objets (cœur, bouche, côteaux, montagnes…) ou des réalités immatérielles (festin, emplois…). Nos ancêtres, qui n’avaient pas appris par cœur que «le masculin l’emporte sur le féminin», ne reconnaissaient la supériorité masculine qu’à propos des «êtres animés» (humains et assimilés). D’où la rareté des exemples d’accords de proximité «simples» (épithète venant après le dernier nom) appliqués à des personnes. On en trouve cependant bon nombre dans d’autres configurations.

Les cas les plus courants concernent les adjectifs et/ou les déterminants placés AVANT les noms, lorsque le premier de ces noms évoque un ou des hommes (les noms désignant les femmes se voyant presque toujours énoncés après, en vertu du réflexe qui pousse à nommer en premier les sujets les plus importants, soit, dans une société sexiste, les hommes). Les neveux passent avant les nièces (ex.8), le maitre avant la maitresse (ex.9). Dans ce dernier cas, cependant, l'auteur a fait un «mixte» d'accord de proximité (adjectif au masculin) et d'accord au choix (adjectif au pluriel), le groupe formant un tout à ses yeux.

Remarque : Tous ces exemples nous invitent à comprendre que nombre d’accords au masculin pluriel, que nous prenons pour la norme puisque c’est elle que nous avons en tête, ne sont en réalité que des accords de proximité avec un nom masculin pluriel. Ces cas devraient donc être comptabilisés dans l’examen des accords de proximité, contrairement à ce qu’ont fait tant de grammaires qui ne citent que les écarts vis-à-vis de la norme, c’est-à-dire les exemples où l’accord est au féminin ou au singulier.

I-10. «Chères toutes et tous»

I-11. «Et bonne année à toutes celles et ceux que je n’aurais pas encore eu le plaisir de saluer!»

I-12. «J’espère que les auteurs et autrices présentes vous auront répondu positivement.»

I-13. «Il faudrait montrer à quel point les mères et les pères impliqués pourraient bénéficier de cette mesure.»

I-14. «Voyez la lettre ouverte qu’un groupe de chercheurs et chercheuses de l’Université investies dans les études sur le genre ont fait parvenir ce matin au Conseil d’Administration de l’université.»

I-15. «Chères et chers amis…»

I-16. «Des syndicats, des universités, des collectivités locales, des entreprises, des associations désireuses de se mettre au langage égalitaire et se formant à cet effet ont découvert les vertus des accords traditionnels.»

B. Exemples modernes

Dans une société égalitariste, il n’y a aucune raison de limiter l’accord de proximité aux cas d’énumérations de noms d’inanimés présentant une discordance phonique entre le dernier exprimé et l’adjectif qui suit. Le système peut être appliqué à tous les cas.

Dans les exemples 10 à 15, qui contiennent des doublets, soin a été pris de combiner l’accord de proximité avec l'ordre alphabétique plutôt que de laisser fonctionner l’idéologie sexiste, qui veut que l’élément masculin passe devant l’autre («ceux et celles»), ou au contraire que, «par galanterie», on fasse passer en premier l’élément féminin («les chercheuses et les chercheurs»).

L’exemple 15 est réservé à l’écrit: à l’oral, aucun besoin d’exprimer les deux adjectifs puisqu’il se prononce de la même manière (« cherzami » suffit).

L’exemple 16 contient une énumération où l’ordre alphabétique n’a pas lieu d’être, puisqu’il ne s’agit pas de doublet. L’ordre de présentation des noms a été choisi en fonction de l’effet souhaité. Le plus proche donne son genre.

On observera que l’accord de proximité rend inutiles les abréviations inclusives désormais utilisées à l’écrit (cher·es, présent·es, impliqué·es, investi·es, ami·es). Il contribue au confort de lecture des textes, non seulement pour les personnes peu lettrées ou ayant des difficultés de déchiffrage, mais pour tout le monde.


II. Accords entre termes séparés par un verbe
II-1. «… afin que ta cause et la mienne soit connue de tous»
— Pierre de Ronsard, Réponse de P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois aux injures et calomnies…, 1563 (dernière phrase)

II-2. «C’est un sentiment et une vue qui n’est pas moins forte que tous les raisonnements…»
— Chanteresne (pseudonyme de Nicole), De l'éducation d'un Prince, Vve C.Savreux,1671, p.121

II-3. «Saint Chrysostome ne peut assez déplorer le malheur de ces pères et ces mères qui font profession d’être chrétiennes…»
— Sieur de Royaumont, Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, Pierre le Petit, 1670, p.40

II-4. «L’orgueil et la négligence étaient si grandes en l’hôtel du roi Philippe…»
— Jean Froissart, Chroniques, après 1400 (cité par M.L. Moreau, 2020, p.359)

II-5. «Et à celle [cette] fête furent le duc et la duchesse, ensemble [avec] toute la seigneurie, grandement festoyées»
— Olivier de La Marche, Mémoires, 1400, Renouard, tome1, 1883, p. 283

L’accord de proximité n’est pas réservé aux termes qui se jouxtent. Il était autrefois courant pour les adjectifs attributs du sujet, qui en sont séparés par un verbe d’état (être, sembler, devenir…), et les participes passés employés avec l’auxiliaire être. L’adjectif s’accorde alors avec le plus proche des mots appelant l’accord, le verbe lui-même pouvant en faire autant.

A. Exemples anciens (orthographe modernisée)

Les exemples 1 à 3 font intervenir le verbe être.

Les exemples 2 et 3 datent de la seconde moitié du XVIIe siècle, époque où le dogme de l’accord au pluriel du «genre le plus noble» commençait à faire des émules. Ces phrases ont été critiquées par le père Bouhours dans ses Doutes sur la langue française… (1674), pour non respect de la règle établie par Vaugelas. Leurs auteurs se sont dépêchés de corriger leurs textes dans les éditions ultérieures, preuve que l’idée nouvelle leur plaisait bien!

L’exemple 4 montre que le verbe peut être au pluriel, bien que le nom le plus proche soit au singulier. Néanmoins c’est le genre de ce nom qui «l’emporte». On a là un mixte entre l’accord au choix (la logique est intervenue) et l’accord de proximité (la place a imposé le genre).

L’exemple 5 montre un autre cas mixte: les noms appelant l’accord évoquent une multitude de personnes, donc l’auteur met d’emblée le verbe au pluriel, ainsi que le participe à accorder. Mais le genre féminin du dernier mot de l’énumération s’impose en vertu de sa place.

II-6. «Les électeurs et les électrices qui se sentiraient flouées peuvent déposer un recours.»

II-7. «Cette règle doit être mise au ban de l’école, si nous voulons construire un monde où les femmes et les hommes seront égaux

B. Exemples modernes

Les exemples 6 et 7 présentent des accords avec des doublets qui ont été rangés par ordre alphabétique (procédé qui revient à faire l’accord tantôt au féminin, tantôt au masculin).


III. Accord du verbe
III-1. «L’homme et la femme est même créature»
— Jean Marot, La vray-disant advocate des dames, 1506, v.61 (éd. Breitenstein, Presses universitaires de Saint-Étienne, 2020, p.38)

III-2. «Si je n’avais égard qu’aux loix de la justice,
Je m’apaiserois, Rome, avec votre suplice,
«Sans que ni vos respects, ni votre repentir
Ni votre dignité
vous en pût garantir.»
— Corneille, La Mort de Pompée, 1644, ActeIII, sc.2

III-4. «Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Egée
Sous les lois de l’Hymen je m’étais engagée,
Mon repos, mon bonheur sembloit être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je palis à sa vue.»
— Racine, Phèdre, 1677, ActeI, sc.3

III-5. «Elles [les femmes] n’ont point d’autre défaut qui les empêche de régner, de gouverner, de commander et de conduire, que celui que leur impose la coutume, les lois et le pouvoir absolu des hommes
— Aristophile (pseud. de Gabrielle Suchon), Traité de la morale et de la politique…, B.Vignieu & J.Certe, 1699, partie 3, p.136

III-6. (à propos de Félicité de Genlis) «Sa lettre sur les pâtres des Pyrénées peint les travaux et les vertus de ce peuple pasteur avec la simplicité et le ton qui convient aux tableaux des mœurs champêtres.»
Le Tribunal d’Apollon, Marchand, vol.1, an VII [1800], p.159-160

III-7. «La puissance des pères, celle des maris est rétablie en même temps que renfermée dans ses limites naturelles : en ramenant l’ordre dans les familles, elle le fera régner dans la grande famille de l’État, et fortifiera les lois par les mœurs»
— Jean-Guillaume Locré, L’Esprit du Code Napoléon, Imprimerie nationale, 1805, vol.1, p.xii

Lorsqu’un verbe est entrainé dans l’accord de noms qui diffèrent en genre et/ou en nombre, trois cas sont possibles: singulier si le nom le plus proche est au singulier, pluriel si le nom le plus proche est au pluriel, pluriel même si le nom le plus proche est au singulier.

A. Exemples anciens (orthographe modernisée)

L’exemple 1 relève de l’accord de proximité complet, avec son verbe au singulier accordé avec le nom au singulier qui précède. Il faut toutefois remarquer à quel point l’idée exprimée est renforcée par ce procédé, puisque l’attribut (ici, un groupe nominal et non un adjectif) est également au singulier. L’ensemble est à la fois plus juste du point de vue sémantique (l’auteur veut dire que homme + femme = 1 [verbe au singulier]) et syntaxique (il y a concordance entre le verbe au singulier et l’attribut au singulier). La formule qui s’imposerait aujourd’hui («L’homme et la femme sont une même créature») introduirait deux discordances, une pour chacun des points de vue (homme + femme = 2 [verbe au pluriel] = 1 [attribut au singulier]).

L’exemple 2 illustre un cas où seul le verbe obéit à l’accord de proximité (ce n’est pas un verbe d’état, il n’introduit aucun attribut). Il y a plusieurs sujets du verbe pouvoir, mais seul le dernier donne ses marques. Cet exemple illustre aussi la vitesse avec laquelle la nouvelle norme a été suivie dans certains milieux: Corneille a revu sa copie dans l’édition de 1660 de ses œuvres, pour se plier au dogme de l’accord au masculin pluriel élaboré par ses amis académiciens. Il a supprimé le pronom en et a mis le verbe au pluriel: «… vous pussent garantir»).

Les exemples suivants attestent en revanche la longévité des accords au singulier pour les verbes qui suivent ou précèdent une énumération lorsque le nom le plus proche est au singulier, là où la nouvelle norme dit la chose impossible d’un point de vue logique (plusieurs sujets = verbe forcément au pluriel).

Cette nouvelle norme est parfaitement connue de Racine, qui est académicien (ex.4). Elle l’est aussi de Suchon, autrice d’une œuvre de philosophie politique majeure à la fin du XVIIe siècle (ex.5). Elle l’est encore plus surement du critique littéraire qui écrit à la fin du suivant (ex.6). Cependant c’est l’usage traditionnel qui est appliqué. La proximité impose le nombre du plus proche des noms appelant l’accord, comme elle le ferait pour le genre si celui-ci était en jeu.

L’exemple 7 montre que l’accord de proximité peut se prolonger dans la phrase suivante. Il y a bien deux puissances juridiques (la paternelle et la maritale). C’est avec la dernière exprimée que se font les accords (participes, pronom, verbe).

III-8. «La ou le meilleur candidat est celui qui sera élu

III-9. «Et bonne année à toutes celles et ceux que je n’aurais pas encore salués

III-10. «Filles ou fils d’agriculteurs et d’agricultrices pour 80% d’entre eux, ils ont connu dans leur enfance des parents travaillant douze heures par jour.»

III-11. «Russie: l’opposant Alexeï Navalny et des centaines de personnes arrêtées lors d’une manifestation»
— Isabelle Mandraud, Le Monde, 26 mars 2017

III-12. «Les hommes ou les femmes de religion sont protégées, mais pas les idées, dont le commentaire est libre, serait-il injurieux.»
— Laurent Joffrin, Libération, Lettre politique, 3 février 2020

B. Exemples modernes

Dans les exemples 8 à 10, forgés pour l’occasion, les doublets ont été mis par ordre alphabétique.

On observera

  • que l’accord de proximité évite, à l’écrit, des abréviations inclusives (élu·e, salué·es, candidat·e…), mais aussi des lourdeurs et des répétitions (elles et eux, elles et ils…);
  • que le recours à la conjonction ou (ex.8) en évite d'autres: les deux éléments reliés sont mis par ordre alphabétique, et toute la suite peut être accordée avec le dernier exprimé, au lieu d'engendrer une série de répétitions ou d'abréviations.

Les exemples 11 et 12 montrent que la presse nationale se met peu à peu aux accords de proximité les plus simples.

L'exemple 12 tient peut-être aussi de l’accord au choix, pour une raison de quantité, puisque le fameux dissident est en concurrence avec «des centaines de personnes». Le verbe est sous-entendu, comme souvent dans les titres d’articles (ici: «ont été»).


IV. Des problèmes ?

IV-1. «Jean et Pauline sont contentes de leur voyage» [choix du genre/ «Pauline et Jean sont contents de leur voyage»

IV-2. «Les filles de Jacques, son épouse et lui-même sont arrivées ce matin à l’heure.» [choix de la quantité]
/ «Les filles de Jacques, son épouse et lui-même sont arrivés ce matin à l’heure.» [proximité]

IV-3. «La vétérinaire et ses petits pensionnaires ont pu être soignées très vite.» [choix de la valeur]
/ «La vétérinaire et ses petits pensionnaires ont pu être soignés très vite.» [proximité]

Il existe un cas où l’accord de proximité ne parait pas évident aujourd'hui: c’est lorsque les termes appelant l’accord sont liés par et, et qu’un verbe d’état les sépare du mot à accorder (du type: «Jean et Pauline est contente de son voyage» ou «Pauline et Jean est content de son voyage»). La logique vient mettre son grain de sel dans l’affaire pour mettre au pluriel le verbe et l’attribut. C’était déjà ainsi dans l’ancienne langue.

Si l’on fait ce choix, le problème du nombre est réglé. Reste celui du genre. Une fois encore, aucune logique – si ce n’est le sexisme – n’impose le choix du masculin. On peut donc faire un mixte avec un accord au pluriel et au genre du substantif le plus proche (ex.1).

Si l’un des substantifs appelant l’accord est plus important que les autres d’un point de vue numérique (ex.2) ou du point de vue de la valeur (ex.3), son genre peut aussi «l’emporter». Le cas relève alors de l’accord au choix. Ce qui signifie qu’on a aussi le choix entre les deux types d’accord – du moment qu’on peut s’en expliquer!

Il est donc parfois difficile de trancher. L'essentiel est de garder en tête que cette difficulté a un sens, et que le plus important est de ne pas reproduire par un biais ou un autre l'idée que «le masculin l'emporte sur le féminin».


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